Résumé
Dans ce chapitre 17 de la Chambre des Secrets, nommé « l’héritier de Serpentard », nous suivons Harry dans sa découverte de la Chambre des Secrets. Le cadre est vite posé, et Harry se retrouve seul dans cet endroit inquiétant, à la recherche de Ginny. Comme l’indique le titre du chapitre, Harry va vite se retrouver face à face avec l’héritier de Serpentard, celui à cause de qui tous les événements étranges se sont produits à Poudlard. Il va également être confronté au monstre de la Chambre, dans un combat risqué mais indispensable pour sauver la soeur de Ron et vaincre le mal qui sévit à Poudlard cette année là..
Analyse
Dès le début de ce chapitre, le lecteur est immergé dans l’ambiance froide et inquiétante de la Chambre des Secrets. Celle-ci est décrite comme « une atmosphère étrange et verdâtre », qui n’est pas sans rappeler la salle commune des Serpentard, également située dans les sous-terrains du château. Le lien entre les deux est ici évident, et témoigne de la noirceur de cette maison de Poudlard, depuis sa création (représentée par la Chambre) à ses récentes années (représentées par la salle commune, visitée par Harry et Ron quelques chapitres plus tôt).
Lorsque Harry remarque la gigantesque statue de Salazar Serpentard, il le décrit portant « une longue barbe mince qui tombait presque jusqu’au bas de sa robe ». Ici, on retrouve une troublante similitude avec un autre sorcier célèbre : Dumbledore lui-même, bien souvent caractérisé par sa longue barbe. Cette ressemblance est-elle une simple coïncidence, ou bien un détail volontaire de la part de JKR ? Il pourrait faire écho à la ressemblance entre Harry et Voldemort bien souvent mentionnée dans les différents tomes ; là aussi un sorcier du camp du bien possède un point commun avec un sorcier maléfique, et là aussi, les deux personnages sont éloignés l’un de l’autre en termes d’âge et d’époque – Voldemort ayant vécu avant Harry, et Salazar Serpentard avant Dumbledore. Tous ces éléments font pencher la balance vers un détail voulu par l’auteur, qui mettrait la puce à l’oreille des fans les plus pointilleux.
Lorsque Tom Jedusor apparaît, on remarque tout de suite que son apparence est étrange, et elle va par ailleurs évoluer tout au long du chapitre.
Au moment de son apparition, il est décrit comme « baigné d’une lueur brumeuse qui brillait autour de lui ». Cette image fait immédiatement penser à un fantôme (ce qui, nous l’apprendrons plus tard, s’avérera être le cas).
Harry se rend vite compte du décalage entre l’apparence de Jedusor et la façon dont il se comporte : « Jedusor éclata de rire, un rire aigu et froid qui ne lui allait pas et qui donna la chair de poule à Harry ». En effet, Jedusor apparaît sous les traits d’un jeune garçon de seize ans, grand et séduisant, mais son rire dans cette scène dévoile son véritable caractère, cruel et effrayant. La dualité du personnage est très intéressante ici : il passe progressivement de son identité de Tom à son identité de Voldemort, comme il le révélera à Harry quelques minutes plus tard.
Tom, montrant de plus en plus son côté sombre, fait ensuite une mystérieuse déclaration en parlant de sa communication avec Ginny à travers le journal intime : « Un pouvoir suffisant pour commencer à confier à Miss Weasley mes propres secrets, pour déverser un peu de mon âme dans la sienne… ». Pour un lecteur qui n’a pas lu les autres tomes de la saga, cette phrase peut être difficile à interpréter. Mais une fois que l’on a terminé les septs livres, on ne peut que faire un parallèle entre cette idée de déversement de l’âme dans un corps étranger et les Horcruxes de Voldemort, créés pour le maintenir en vie. On voit là que Rowling a pensé son histoire du début à la fin, semant des indices ici et là sans que le lecteur ne puisse réellement s’en rendre compte à la première lecture. Le comportement étrange de Ginny à cause de sa proximité avec le journal fait penser au comportement caractéristique de ceux qui approchent un Horcruxe de trop près, comme par exemple Ron, qui perd l’esprit dans le tome 7 après avoir trop porté le médaillon de Serpentard. Quelle surprise pour le lecteur de découvrir ce genre de détails lors des relectures des romans !
Lorsque Jedusor révèle qu’il est en réalité Voldemort, on retrouve un autre indice concernant le futur de l’histoire. En effet, Jedusor dit « Voldemort […] est à la fois mon passé, mon présent et mon avenir, Harry Potter… ». Cette idée de l’avenir de Voldemort fait immédiatement penser à sa « renaissance » dans le tome 4, que personne, au moment du tome 2, ne soupsonne. Cette façon de ne pas se situer dans le temps lui donne un caractère intemporel, presque mystique, comme si Voldemort était éternel (ce qu’il espérait accomplir en créeant des Horcruxes).
Peu après, Fumsek, le phénix de Dumbledore, apparaît pour aider Harry dans son combat contre le Basilic. On le reconnaît par sa description caractéristique : « Un oiseau écarlate, de la taille d’un cygne, venait d’apparaitre et lançait son chant étrange sous la voûte de la Chambre.Les plumes de sa queue, aussi longues que celles d’un paon, brillaient d’une lueur dorée ».
Le contraste entre le Basilic verdâtre de la Chambre et l’animal flamboyant est saisissant : les deux forces s’affrontent, et cette image donne presque un souffle épique à la scène. On constate également l’aspect ironique de cette appararition : le phénix, symbole de renaissance et de régénération, intervient alors que Voldemort semble lui-même retrouver sa force petit à petit.
Lorsqu’Harry s’adresse à Voldemort, il le décrit d’une façon saisissante : « Vous n’êtes plus qu’un débris, une épave. C’est à peine si vous êtes encore vivant. ». Cette image d’être incomplet, détruit, décrit Voldemort mieux que ce qu’Harry ne peut l’imaginer à ce moment là : on retrouve ce même Voldemort dans le tome 7, au chapitre 35 (« King’s Cross »), mutilé et recroquevillé au sol, vivant (car décrit comme gigotant) mais mort malgré tout. Tous les efforts de Voldemort pour revenir réellement à la vie, que ce soit via le journal intime et la force qu’il « vole » à Ginny, ou la création des Horcruxes, ne portent jamais véritablement leurs fruits : on peut y voir l’irrémédiabilité de la mort ; même le plus puissant n’y échappe pas.
Dans la réplique suivante de Voldemort, il déclare : « Ta mère est morte pour te sauver. Une puissante manière de conjurer le sort. ». Et bien qu’il reconnaisse l’influence qu’ait pu avoir Lily Potter sur le destin de Harry, il ne semble pas en comprendre toute la portée puisqu’il continue par dire : « Mais finalement, ce qui t’a sauvé face à moi, c’est la chance, rien d’autre. »
Voldemort nous montre ici qu’il est véritablement insensible au pouvoir de l’amour dont Dumbledore parle si souvent à Harry, et qui est la force qui permit de le sauver de l’Avada Kedavra. On sait maintenant que Voldemort restera aveugle face à cette force jusqu’à la fin, puisque lors de la bataille finale du tome 7 Harry lui révélera, via la révélation de l’amour que Rogue portait à Lily, l’importance de ce sentiment et le poids qu’il peut avoir.
Pour triompher face au Basilic, Harry reçoit l’aide du Choixpeau magique et de Fumseck, envoyés par Dumbledore. Voldemort rit de cette situation : « Il lança un regard amusé à Fumseck et au Choixpeau magique, puis il s’éloigna ». Et en effet, si ces deux objets peuvent sembler anodins au premier abord, ils sont en fait chargés d’une grande force symbolique. En effet, Fumseck, qui représente la renaissance, est un clin d’oeil direct à Harry, qui lui aussi a survécu et a été plus fort que la mort, puisque Voldemort n’a pas réussi à le tuer. La présence de Fumseck ici pourrait nous rassurer sur l’issue de ce nouveau combat : tandis que l’oiseau est présent aux côtés de Harry, celui-ci ne peut mourir.
Le Choixpeau est quand à lui un symbole pour rappeler à Harry le choix qu’il a fait lorsqu’il est arrivé à Poudlard. Il a choisi Gryffondor, il a donc choisi le camp du bien, alors que Voldemort, ou plus précisément Jedusor, a choisi d’oeuvrer pour le mal dès son entrée à Poudlard. Le Choixpeau marque cet antagonisme entre les deux personnages qui, bien qu’ils se ressemblent physiquement, n’ont rien en commun dans leurs décisions et leurs choix.
Après avoir tué le Basilic, Harry se retrouve seul avec Jedusor et le mystérieux journal intime. Une scène clé se produit ensuite : « Puis, sans réfléchir, sans hésiter, comme s’il avait toujours eu cette idée en tête, Harry empoigna le crochet du serpent et le plongea au cœur du livre ». Lorsque l’on connait la suite de l’histoire, on sait que le journal était en fait un horcruxe, où Voldemort a caché un morceau de son âme. Néanmoins, au moment de la scène, Harry ignore tout de ce procédé magique et va, instinctivement, détruire le journal. Cette pulsion instinctive est très étrange ; et ajoutons à cela le fait que le journal est décrit comme ayant un cœur, ce qui le personnifie même et donne l’impression qu’il est une véritable entité qui a été tuée.
La personnification continue dans les phrases suivantes : « Il y eu un long hurlement perçant » ; « Un flot d’encre jaillit du livre à gros bouillons et ruissela sur les mains de Harry ». Le hurlement fait bien sûr penser à la souffrance humaine de quelqu’un que l’on tue, et l’encre à du sang humain coulant d’une blessure. La référence à une partie de Voldemort qui meurt est à présent incontournable, et on ne peut que la comprendre une fois que l’on a lu les autres tomes de la saga.
Ce chapitre se termine sur un dénouement heureux : grâce à la destruction du journal, Jedusor disparaît et Ginny retrouve son énergie et reprend connaissance. C’est la fin du combat pour Harry, les retrouvailles avec Ron (et un Lockhart complètement déboussolé), et un retour – bien mérité – vers une zone un peu plus chaleureuse du château, en présence de McGonagall, un personnage à l’aura rassurante après toutes ces péripéties…
Merci à Calleigh pour cette fiche !