Résumé
Harry et Ron ont bien compris le dernier indice donné par Hagrid, mais il est difficile de suivre les araignées quand celles-ci ont déserté le château. Pourtant, un jour, à la serre, ils réussissent à en voir une colonne qui se dirige vers la forêt interdite. Ron, qui en a peur, n’a pas plus que ça envie de tenter l’aventure, mais l’air triomphant de Lockart qui affirme à qui le veut que Hagrid est le coupable gonfle sa détermination. Le soir même, Harry et lui vont sous la cape d’invisibilité jusqu’à la cabane de Hagrid, puis, accompagné du fidèle Crockdur, partent à la poursuite des araignées dans la forêt. En chemin, ils font une première rencontre inattendue : la Ford Anglia. Celle-ci semble dotée de son propre tempérament, et vient voir Ron comme un chien qui retrouverait son maître. Mais juste après, les deux amis et Crockdur se font enlever par des créatures auxquelles ils ne s’attendaient pas. En effet, non content d’avoir trouvé les araignées, ils sont tombés sur des spécimens géants et dotés de la parole. Ceux-ci les mènent à Aragog, le chef de « famille », élevé par Hagrid mais qui leur apprend qu’il n’était pas le monstre, et donc que Hagrid n’était pas coupable. Cependant, Hagrid semble encore une fois placer trop de foi en ses chères créatures magiques. Malgré son humanisation au contact de Hagrid, Aragog n’interdit pas à ses enfants de manger Harry, Ron et Crockdur. Ceux-ci ne sont sauvés que par la fidèle Ford Anglia.
Analyse
L’intelligence n’est pas l’apanage de l’homme
Dans ce chapitre, Rowling met en scène des créatures dotées d’intelligence : les araignées, qui peuvent même parler et sont capables de raisonnement, et la voiture, qui, malgré sa nature métallique semble pouvoir éprouver des sentiments. Le narrateur la compare même à un chien fidèle. Dans Harry Potter on nous encourage en effet souvent à ouvrir nos esprits pour admettre que l’homme (ou le sorcier) n’est pas supérieur en soi à toutes les créatures. En dotant les animaux de sentiments et d’intelligence (Hedwige est très expressive ainsi), de la parole même, attribut humain s’il en est, Rowling engage ses lecteurs à suivre Hermione sur le chemin de la tolérance, et de la défense des droits de toute créature. Au-delà, elle accorde même des émotions à une machine. C’est là la magie de la magie : tout peut devenir vie, ou du moins personnage de roman. Par de telles inventions, Rowling créait bel et bien un univers « magique ».
Les dangers de la forêt
Cependant, Rowling ne nous donne pas une vision idéaliste d’un monde où toute créature serait aussi humaine qu’un homme. Si Aragog est plutôt civilisé et correspond assez à l’image idéalisée que Hagrid se fait des créatures, ses enfants restent bestiaux et assoiffés de sang. Ils ne sont pas vraiment mauvais en soi, ce n’est pas cela, mais il ne faut pas non plus attendre d’eux, comme le faisait Hagrid, qu’ils se comportent en êtres humains. Ici, comme dans le dénouement du premier tome, Harry apprend quelque chose aux dépens de sa vie dans la forêt. Il y est confronté à la bestialité, mais aussi reçoit à chaque fois une aide inattendue. Malgré les dangers qui y règnent, l’univers d’Harry Potter comporte donc une belle part d’espoir.
Une influence de Tolkien ?
Rowling a toujours précisé qu’elle ne s’était pas directement inspirée de Tolkien. Il faut entendre par là qu’elle ne relisait pas particulièrement son œuvre pendant la rédaction de Harry Potter, contrairement à l’œuvre de Jane Austen ou de C.S. Lewis par exemple. Pour autant, plusieurs éléments de la saga dénotent une influence certaine. Rowling a lu Le Seigneur des Anneaux pendant son adolescence, et Le Hobbit après avoir écrit le premier tome. Si Rowling refuse d’être comparée à Tolkien, c’est cependant peut-être plus par modestie : elle admire cet écrivain qui, selon elle a créé « une mythologie entière et nouvelle » (John Granger, « Tolkien and Rowling », 2008). Ici, on notera des liens avec Tolkien à travers la figure d’Aragog qui ne peut que rappeler au lecteur de Tolkien Shelob (Arachne en français), l’araignée qui attaque Frodon à Cirith Ungol et dont les enfants, habitant Mirkwood, avaient attaqué Bilbon et ses amis dans Le Hobbit. La description de ces araignées géantes comme leur soif de sang rappellent assez bien les enfants d’Aragog. Malgré sa profonde originalité, il faut donc se rappeler que l’œuvre de Rowling se place également dans une tradition de la littérature de fantasy.
La valeur sûre de l’amitié
Il faut garder confiance en ses amis : Harry ne jugeait pas Hagrid, il n’aurait pas dû même le croire responsable de la mort de quelqu’un. La leçon à tirer de ce chapitre est bien qu’il faut toujours garder confiance en ses amis, chose qu’illustrera constamment la saga. La valeur accordée à l’amour et à l’amitié dans la saga dépasse le contenu habituel d’un livre pour enfants. L’amitié, qu’on peut ramener à l’amour dans le sens global où l’entend Rowling, connaît sa propre magie. Pour Rowling, il s’agit même de la seule vraie « magie » qui existe. C’est aussi dans cette confiance en le pouvoir incommensurable de l’amour que réside l’intertexte chrétien de Harry Potter.
Merci à Anastasiarogue pour son analyse