Tome I – Chapitre 8 : Le maître des potions

Résumé
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Harry découvre le château de Poudlard ainsi que ses cours de première année. Bien qu’il soit l’attraction des curieux qui veulent voir le survivant, Harry effectue une rentrée plutôt rassurante : il est sensiblement au même niveau que ses camarades de classe.
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Mais lors de son premier cours de potions, Harry se fait maltraiter verbalement par le professeur Rogue, sans raison apparente. Lorsque Harry en fait part à Hagrid, ce dernier le rassure mais semble éviter de répondre franchement. Hagrid évite aussi d’approfondir un autre sujet : la tentative de vol commise à Gringotts. Harry comprend que le coffre fracturé est celui que Hagrid avait vidé en sa présence.
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Analyse
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Haine de Rogue
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J.K.Rowling joue de nouveau avec l’effet de surprise lorsqu’elle termine sa phrase de manière inattendue (même si elle avait préparé le terrain avec les phrases précédentes) : « Lors du banquet de début d’année, Harry avait senti que le professeur Rogue ne l’aimait pas beaucoup. À la fin du premier cours de potions, il se rendit compte qu’il s’était trompé : en réalité, Rogue le haïssait. »
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C’est à partir de ce cours de Potions que nous découvrons l’animosité inexplicable de Rogue envers Harry. Bien que le Maître des Potions essaye de le déstabiliser en lui posant de multiples questions à la volée, Harry ne se laisse pas démonter. Il sait que Rogue va trop loin et ose affronter son regard, là où d’autres seraient honteux ou pleurnicheraient en baissant la tête. Sa force de caractère lui donne la lucidité nécessaire pour faire une remarque pertinente : « Mais je crois qu’Hermione le sait. Vous aurez peut-être plus de chance avec elle. ».
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Les rires qui naissent de cette remarque retournent la situation contre Rogue, qui n’accepte pas cette mini-humiliation. Il assène alors ses connaissances avant d’essayer de l’achever d’une autre manière : Rogue retire 1 point aux Gryffondor avant d’accuser sèchement Harry d’être responsable d’une erreur de Neville, lui retirant un nouveau point (Harry finira par s’y habituer, vu la quantité faramineuse de points qu’il fera perdre à sa maison durant 6 ans).
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Ron désamorce alors le conflit en incitant Harry à ne pas répondre, avant de le rassurer.
Malgré cela, Mais Harry sent bien qu’il est un cas particulier avec ce professeur. Si Rogue n’avait pas été amoureux de Lily Evans, et si Dumbledore ne l’avait pas poussé à protéger Harry, Rogue serait probablement resté du côté des forces du Mal, ce qui aurait radicalement modifié le cours des évènements. Durant ce cours, et au-delà de la tristesse que doivent lui inspirer la vue des yeux de Lily, Rogue a l’air de se venger de James Potter à titre posthume. En effet, il semble prendre un malin plaisir à rabrouer Harry en utilisant 7 fois le patronyme de son ennemi, comme ici : « Et votre impertinence coûtera un point à Gryffondor, Potter ».
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Nous pouvons aussi remarquer le talent du Maître des Potions qui, dès qu’une potion est ratée dans son cours, devine où se situe l’erreur commise par élève. Mais également son manque de pédagogie ; ici, il traite d’imbécile un Gryffondor de 11 ans qui essaye de réaliser la première potion de sa vie. D’ailleurs, nous pouvons remarquer que pour ce premier cours, Rogue a sciemment choisi une potion qui semble avoir tout pour plaire aux Serpentard : le thème des furoncles (peu ragoûtant), avec des ingrédients piquants (des épines, des orties et des crochets de serpent, ces derniers étant symboliques).
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Il est amusant de constater que lorsque J.K.Rowling titre un chapitre ou un tome sur Rogue, il n’est pas nommé directement la moitié du temps : « Le maître des potions » ici, « Le Prince de Sang-Mêlé » pour le tome VI, « La fuite du Prince » (Tome VI, chapitre 28), « Le récit du Prince » (Tome VII – chapitre 33)… ce qui ajoute à son côté mystérieux, avec ses paroles emblématiques (comme ce mini-discours à ses nouveaux élèves), ses connaissances approfondies de la magie noire, sa mission ultra-secrète… mais également son apparence (cape et yeux noirs).
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Hagrid
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Malgré l’insistance de Harry, Hagrid (tout comme les Maraudeurs) ne révèle pas le mauvais côté de James Potter adolescent. Harry pensera donc que les reproches de Rogue sont infondés… avant de tomber de haut lorsqu’il découvrira « Le pire souvenir de Rogue » (Tome V – chapitre 28) où son père humilie Severus avec beaucoup de plaisir. Harry a tout de même un gros doute sur les dires de Hagrid, dont il devine qu’il cache des informations, puisque Hagrid a le regard fuyant a plusieurs reprises.
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Hagrid montre ainsi qu’il est maladroit sur le fond et sur la forme (par exemple : « Lorsque Harry frappa, un grand fracas retentit à l’intérieur de la maison »).
Il laisse aussi traîner un article découpé qui parle de l’effraction du coffre qu’il a vidé en compagnie de Harry, alors que celui-ci vient justement prendre le thé avec lui à cette heure-ci et qu’il ne souhaite pas que Harry en sache trop. Jusqu’ici, Harry ne pouvait pas sérieusement soupçonner un lien entre son passage devant ce coffre de Gringotts (le 31 juillet, date que Harry ne peut oublier puisqu’il s’agit de son plus bel anniversaire) et la tentative de vol (que Ron lui apprend le 1er septembre, sans préciser la date du cambriolage). Mais dans cette coupure de journal, deux éléments permettent de faire le lien : « le cambriolage qui s’est produit le 31 juillet » et « La chambre forte fracturée avait en effet été vidée le même jour. ». Enfin, durant ce 31 juillet, Hagrid a été très indiscret, en disant sans détour qu’il effectuait une mission très importante. Le doute n’est plus permis.
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Si Hagrid évite d’en parler, c’est sans doute pour éviter que Harry ne s’intéresse de trop près à un sujet qui ne doit concerner que les adultes, mais peut-être aussi parce qu’il a peur. En effet, si le vol avait été tenté pendant qu’ils étaient sur place, est-ce que Hagrid aurait été en mesure de résister à de la magie noire ? De plus, il fallait être très bien renseigné pour savoir que la Pierre philosophale était dans le coffre n°713. Peut-être même que Hagrid pense être partiellement responsable de ce cambriolage : en disant ouvertement qu’il avait une mission importante à accomplir, il a pu être suivi. Puis, en consultant frauduleusement les registres de Gringotts, il est possible de savoir dans quel coffre Hagrid est allé (sans pour autant savoir qu’il a été vidé, cette information n’est peut-être pas notée, seul Gripsec s’en souvenant et ayant accepté de témoigner). Maintenant que ce voleur a échoué, ne va-t-il pas également savoir que la Pierre est maintenant à Poudlard ? Les élèves ne courent-ils pas un danger ?
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« Harry estima qu’aucun des cours qu’il avait suivis jusqu’à présent ne lui avait donné autant à penser que cette visite chez Hagrid. » : il a déjà plus le goût pour l’aventure que pour ses études ! C’est ainsi que les méninges d’Harry s’activent et qu’il rentre de plain-pied dans le début de ses aventures (et de ses déboires).
Enfin, Harry et Ron ne s’arrêtent pas à l’apparence en ce qui concerne Hagrid et Crockdur : peu engageants a priori, se sont de vraies guimauves à l’intérieur. Les Gryffondor ne se formalisent pas non plus avec ses biscuits immangeables et la bave du molosse.
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Magie de Poudlard
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Harry découvre l’immensité et la complexité du château, par exemple les marches escamotables. Il oubliera d’ailleurs d’en enjamber une lors de sa 4ème année (Tome IV – chapitre 25). « Il y avait aussi les portes qui refusaient de s’ouvrir si on ne le leur demandait pas poliment. », dans la même idée, la Grosse Dame (qui n’était pas contente que Harry l’ait réveillé) refusera de s’ouvrir face à Harry, en prétextant que le mot de passe avait changé à minuit. Quant aux portes à chatouiller, nous n’en connaissons pas ; en revanche, pour accéder à la salle commune des Poufsouffle, il faut chatouiller la poire dessinée sur une peinture. Entraîné par toute cette magie, Harry extrapole en pensant que les armures se baladent toutes seules le soir, alors qu’elles ne bougeront qu’une seule fois : pour défendre Poudlard à l’appel de McGonagall, 7 ans plus tard.
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Les petites touches de magie qui parsèment le château créent un bel univers, auquel Harry deviendra très attaché. Mais il est encore plus attiré par le mystérieux. Lorsque Ron et lui essayent d’ouvrir la porte du couloir interdit, nous pouvons penser qu’il ne s’agissait pas totalement d’une coïncidence. Il est possible qu’inconsciemment, les pas de Harry l’aient dirigé vers un lieu qui l’attire naturellement, confondant son désir de connaître ce que cache la porte avec le souvenir du bon chemin à prendre. Lorsqu’ils se font prendre par Rusard, les garçons pensent être sauvés par Quirrell, qui n’agissait probablement pas par gentillesse mais qui essayait de se protéger : il a tout intérêt à ce que personne ne traîne près de ce couloir, surtout quand lui-même s’y trouve pour tenter de passer les obstacles jusqu’à la Pierre.
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Durant sa première semaine, Harry en apprend plus long sur les fantômes, l’esprit frappeur, le concierge et sa chatte. Tout comme le lecteur moldu, Harry perd l’illusion que la magie est simple : « Harry découvrit très vite que l’exercice de la magie ne consistait pas seulement à brandir une baguette magique en marmonnant quelques paroles un peu bizarres. ». Hermione, née-moldue, avait déjà perdue cette illusion ; elle avait d’ailleurs pris de l’avance en parlant avec Percy qui lui a révélé en avant-première le contenu de son premier cours de métamorphose. Il est même probable qu’elle se soit entraînée avant le cours, ce qui expliquerait qu’elle soit la seule à réussir (sans pour autant faire abstraction de son talent naturel).
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En bref, la rentrée de Harry est douce-amère, car même s’il constate que tous les élèves partent pratiquement du même niveau, il sent qu’il est parfois regardé comme une bête de foire à cause d’un évènement dont il ne se souvient pas.
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Divers
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Ron montre une belle qualité : il ne croit pas d’emblée aux a priori et veut vérifier par lui-même : « On dit qu’il [Rogue] essaye toujours de les [les Serpentard] avantager, on verra bien c’est vrai. ». Harry n’est pas sur la même longueur d’onde : « J’aimerais bien que McGonagall ait envie de nous avantager » ; la phrase suivante, qui semble représenter ses pensées, va dans le même sens : « Le professeur McGonagall était la directrice des Gryffondor, ce qui ne l’avait pas empêchée de leur donner une montagne de devoirs à faire. ».
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Les cours de potions sont souvent décrits dans la saga, tout comme ceux de DCFM et de Soins aux créatures magiques, ainsi que les matchs de Quidditch. A contrario, les cours d’arithmancie et d’Étude des moldus ne sont jamais montrés.
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Dans la Gazette du Sorcier, les gobelins conseillent aux sorciers de ne surtout pas chercher à savoir ce que contenait le coffre forcé. Cela ne peut qu’attiser la curiosité naturelle de Harry. Mais sur le moment, nous ne savons pas si les gobelins disent toujours cela (par goût pour le secret), où s’il s’agit réellement d’un objet hautement subversif. Ici, il est incontestable que la connaissance de cet objet est dangereuse, puisque Voldemort fait tout pour se procurer la Pierre philosophale, faisant généralement peu de cas de ses informateurs.
La version française parle d’un cambriolage alors que la version anglaise parle plus justement d’une entrée par effraction, puisque rien n’a été dérobé.
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L’odeur d’ail qui émane de la salle de classe de Quirrell est sans doute là pour renforcer l’idée que s’il n’est plus que l’ombre de lui-même, c’est à cause de sa nouvelle peur des vampires. Placer des gousses dans son turban permet également de tenir tout le monde à distance, réduisant le risque que quelqu’un entende (ou aperçoive) Voldemort caché dans la tête du professeur.

Portolien

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