Résumé
Harry reçoit une lettre étrange, bien qu’il n’ait pas d’ami ni de famille en dehors des Dursley. Mais avant que Harry ait pu prendre connaissance de son contenu, son oncle Vernon lui retire violemment des mains. Lorsqu’il lit la lettre, Vernon rentre dans une rage folle. Le lendemain, Harry reçoit de nouveau cette lettre étrange, que Vernon séquestre également ; il fera de même avec les lettres suivantes, qui arrivent chaque jour plus nombreuses et par des moyens très inhabituels. Pour échapper à ce raz-de-marée, Vernon emmène la famille dans un endroit isolé : une cabane branlante perchée sur un rocher cerné par la mer. Malgré cela, quelqu’un frappe à la porte à minuit…
Analyse
Harry
Contrairement à son cousin, le comportement de Harry montre qu’il n’est absolument pas matérialiste : il préfère rester dans un placard infesté d’araignées avec sa lettre, plutôt que d’être dans une véritable chambre mais sans son courrier.
De plus, Harry ne perd pas tout son temps à maugréer sur le comportement inadmissible des Dursley : il va de l’avant en se disant qu’il aurait dû ouvrir la lettre dans le hall d’entrée, avant de se décider à attendre le facteur.
L’atmosphère de cette fin de chapitre donne le juste sentiment que le compte à rebours que fait Harry n’était pas seulement destiné à accueillir ses 11 ans, mais aussi l’évènement qui va totalement bouleverser sa vie, et qui va enfin lui révéler qui il est véritablement.
Pétunia
À l’intérieur d’elle-même, Pétunia savait que son neveu était un sorcier. En effet, en plus de sa filiation, tous les « évènements bizarres » qui se produisent autour de Harry ont dû lui rappeler son enfance, où sa propre petite sœur provoquait aussi des choses étranges. Mais il faudra attendre « Le récit du Prince » (Tome VII – chapitre 33) pour que nous sachions toute la vérité : Pétunia jalousait Lily et souhaitait intégrer Poudlard. Pétunia a même écrit une lettre à Dumbledore pour se faire intégrer, mais elle a essuyé un refus. Une seule personne sans pouvoir magique se trouve à Poudlard : Rusard. Sa situation de cracmol le rend d’ailleurs extrêmement aigri, ce qui l’entraîne à tourmenter les élèves. Pétunia a développé les mêmes sentiments, mais à l’extérieur de Poudlard et en persécutant Harry.
Face à l’arrivée de la lettre, c’est-à-dire face à l’histoire qui est en train de se répéter, Pétunia semble résignée, comme si elle savait que rien n’empêcherait Harry de rejoindre l’école à laquelle il est destiné. Peut-être qu’au fond d’elle-même, elle ne souhaite pas agir fortement contre les évènements, afin d’avoir l’opportunité de revoir partiellement le monde de la magie qui l’attirait tant.
Vernon
A contrario, Vernon n’a jamais été attiré par ce monde et il ne tarit pas de méchancetés à l’égard des sorciers, de la magie et de Poudlard, sans jamais les citer directement « ces gens-là », « Je ne veux pas de ça », « ces idioties »…).
Depuis des années, il faisait tout pour oublier cette branche de sa famille, mais d’un coup, il ne peut plus ignorer Harry Potter. Bien qu’il constate l’ingéniosité des lettres et la précision des adresses, il s’évertue à mettre le plus de distance possible entre le monde des sorciers et sa famille qu’il souhaite protéger. Ce faisant, il leur impose de rudes épreuves physiques (lieux miteux, peu à manger) et psychologiques (changement radical de leurs habitudes pour une destination inconnue).
Il essaye de montrer une image sûre de lui, alors qu’il multiplie les âneries, comme de mal gérer les provisions, de tartiner son journal de marmelade ou de planter un clou avec un cake ; d’ailleurs, il est étonnant qu’il n’utilise pas de vis alors qu’il gère une entreprise de perceuses. Il va même jusqu’à se plaindre du crémier et du postier. Cette dernière possibilité aurait pu avoir une certaine efficacité puisque des sorciers y travaillent (Tome VII – chapitre 33).
Dudley
Bien que défavorable, l’environnement de Dudley lui offrait la possibilité d’évoluer positivement, chance qu’il n’a pas saisi. En effet, même si cela était rarissime, ses parents savaient être fermes ; ils l’ont montré lorsque qu’ils ont donné la seconde chambre à Harry et lorsque Dudley a été sommé de quitter la maison avec les autres, sans les objets qu’il chérit tant.
Dudley avait des livres dans sa chambre mais il ne semble pas y avoir touché. Il possède également un ordinateur (ce qui n’était pas courant en 1991), mais il ne fait qu’y jouer. Il a également a eu un perroquet, dont l’échange est symbolique ; en effet, Dudley a échangé cet être vivant contre un outil représentant la mort : une carabine à air comprimé.
Arabella Figg
Harry devra attendre d’avoir 15 ans pour découvrir que la désagréable Miss Figg est une cracmolle qui fait partie de l’Ordre du Phénix et qui était chargée par Dumbledore de surveiller Harry sans qu’il le sache. Harry pourrait lui en vouloir de ne pas avoir amélioré son enfance et son adolescence car même si elle affirmera qu’il fallait que les Dursley pensent que Harry passe un mauvais moment dans sa maison, elle aurait tout de même pu singulièrement améliorer ses conditions d’existence. Cependant, certaines de ses caractéristiques (son amour pour les chats, sa maison qui sent le chou, sa nourriture rance…) ne sont probablement pas calculées, puisqu’elle est véritablement une personne âgée sans pouvoir magique.
J.K.Rowling
Elle manie à ravir l’effet de surprise et la drôlerie féroce, en continuant certaines phrases de manière inattendue : « le sport préféré de Dudley : la chasse au Harry », « Harry préféra ne rien dire. Il avait l’impression de s’être fêlé deux côtes à force de réprimer son fou rire. », « répliqua-t-il en essayant de planter un clou avec le morceau de cake », « en étalant consciencieusement de la marmelade sur son journal » …
À plusieurs reprises, elle utilise des métaphores pour expliquer ce que Harry ressent au fond de lui. Ici, elle compare les bonds de son cœur aux rebonds d’une balle en caoutchouc. Plus tard, elle utilisera l’image d’une créature tapie dans sa poitrine (Tome VI).
Petits plus
–> Les chaussettes reviennent plusieurs fois au gré des tomes. Pour ses 10 ans, Harry était très déçu de recevoir comme cadeau « une paire de vieilles chaussettes ». A contrario, une autre personne a été ravie de recevoir une chaussette : Dobby, l’elfe de maison, pour qui cela signifiait la liberté (Hermione en tricotera dans le tome V). Plus tard, Dumbledore affirme qu’il se voit dans le miroir du Riséd avec « une bonne paire de chaussettes en laine » (Tome I – chapitre 12).
–> « il [Harry] n’était même pas inscrit à la bibliothèque, ce qui lui évitait de recevoir des mots désagréables exigeant le retour des livres empruntés », sa vision de la bibliothèque est froide. La stricte Mme Pince ne l’aidera pas à en changer.
–> Première apparition de Poudlard au travers de son blason, même si Harry en ignore tout pour l’instant.
–> Vernon feint l’amabilité à plusieurs reprises, notamment en appelant exceptionnellement Harry : « mon garçon ».
–> Harry, futur attrapeur, n’arrive pourtant pas à attraper une seule lettre parmi les 40 qui volent dans le salon.
–> Pour une fois, Harry et Dudley sont traités de manière égale, lorsque Vernon les fait sortir violemment du salon après l’arrivée de la première lettre.
–> « Harry avait attrapé l’oncle Vernon par derrière en lui serrant le cou », Harry fera pareil avec le troll (Tome I – chapitre 10) : « il [Harry] prit son élan, sauta au cou du troll et parvint à s’accrocher derrière lui ».