J.K. Rowling : Tout le monde aimerait voir ce qu’il y a derrière le voile.
Melissa Anelli : Il y a des choses que je dois absolument savoir, en tant que fan. Beaucoup de fans voient ce voile comme la séparation…
J.K. R. : C’est la frontière entre la vie et la mort. J’ai tenté d’y faire une référence dans le Conte des Trois Frères : la mort était séparée d’eux comme par un voile. On ne peut pas revenir en arrière si on traverse ce voile, il n’y a pas de retour. Du moins, on ne peut revenir sous aucune forme qui rende qui que ce soit heureux.
Mais quand l’Ordre du phénix entoure ce voile, j’essayais de montrer qu’il dépend du degré de scepticisme dont font preuve les différents personnages. Luna, bien sûr, est très réceptive. Elle croit fermement en une vie après la mort, elle est très claire là-dessus. Et elle les entend ou les sent parler beaucoup plus clairement que Harry ne le peut. C’est l’idée de la foi. Harry croit les entendre, il est attiré. Sa vie a été tellement imprégnée de l’idée de la mort qu’il a développé une forte curiosité, atypique pour un garçon de son âge, sur ce qui vient après. Ron est simplement effrayé, il se contente de savoir que c’est quelque chose à quoi il ne veut pas avoir affaire. Hermione, notre Hermione hyper-rationnelle, n’entend rien et s’éloigne du voile.
Donc voilà : si on traverse le voile, on est mort. Ce qu’il y a de l’autre côté, là est la question… Est-ce que je crois qu’il y a autre chose ? Oui, je crois qu’on “continue”. Je crois en une vie après la mort, même si je suis en proie constante au doute et je l’ai toujours été.
Je n’avais pas prévu, mais j’aurais dû m’en douter, combien les gens seraient intéressés par cette histoire de voile. Et beaucoup voulaient voir ce qu’il y avait derrière, y compris Daniel Radcliffe. Ça ne devrait pas me surprendre, les adolescents sont très curieux.
M. A. : Daniel aura à traverser le voile, en quelque sorte.
J.K. R. : Oui, en effet, mais il ne le traversera pas littéralement.
M. A. : Pas de manière précipitée. Ginny, elle peut l’entendre parce qu’elle…
J.K. R. : Je pense que les femmes y sont plus sensibles que les hommes. Ginny et Harry sont vraiment des âmes sœurs. Elle est comme Harry. Elle a une curiosité intellectuelle et une certaine forme de foi. Hermione, au contraire, est complètement rationnelle : «Éloignons-nous de ce voile et faisons semblant de n’avoir rien entendu.»