Emerson : Avec qui parlez vous de Harry Potter ?
J.K. Rowling : Pendant que je travaille, vous voulez dire ? Virtuellement personne, ce qui, pour moi, est une condition nécessaire pour travailler. J’ai la réputation d’être assez recluse. Maintenant que j’y pense, je ne suis pas sûre que cela soit vrai aux États-Unis, mais en Grande-Bretagne, on ne peut pas lire un article sur moi, et pourtant j’en ai lu des centaines, dans lequel mon nom n’est pas rattaché au mot « recluse ». Je ne suis pas du tout recluse. Ce qu’ils veulent dire en fait c’est que je suis secrète. Je suis secrète car pour moi c’est une condition nécessaire dans mon travail. Ça n’a rien à voir avec la franchise ni le fait de protéger « ma propriété » — d’ailleurs je déteste appeler ça « ma propriété » mais les autres appellent ça comme ça — c’est parce que je pense que discuter du travail que je fais c’est dissiper de l’énergie que j’ai mis à le faire.
Nous rencontrons tous des gens qui discutent dans les bars des romans qu’ils sont en train d’écrire. S’ils écrivaient vraiment, ils seraient en train d’écrire chez eux. Très occasionnellement, il m’arrive de dire à Neil (son mari) que j’ai eu une bonne journée, ou que j’ai écrit de bonnes blagues qui m’ont faite rire et d’autres choses encore. Mais je ne suis jamais entrée dans les détails. Je donne mon manuscrit à mes éditeurs anglais et américain en même temps. Ils collaborent ensemble pour dire ce qu’ils en pensent puis reviennent me suggérer certaines choses. Bien sûr, c’est libérateur lorsqu’ils l’ont lu car je peux discuter librement du livre avec eux. Vous savez, j’ai dû garder le silence 18 mois où je n’ai fait que travailler et ensuite j’ai reçu ce soulagement, car après tout ce temps on a vraiment envie de parler de ce qu’on a fait. Emma et Arthur (respectivement mes éditeurs anglais et américain) sont les premiers à recevoir mes premières effusions. J’adore écouter ce qu’ils en pensent. Ils sont tout les deux très positifs pour ce livre et ils l’ont vraiment beaucoup aimé. Ensuite, bien sûr, nous exposons nos arguments sur le livre.
Emerson : Cela peut paraître une question étrange mais combien de fois avez-vous lu votre propre histoire ?
J.K. Rowling : En effet, c’est une question étrange, mais c’est une question pertinente car dès que le livre est publié, je le relis rarement. Le plus drôle c’est lorsque je dois prendre un livre pour vérifier un fait — ce que je doit faire assez souvent — je me relis et je me sens comme aspirée dans le livre. Je lis quelques pages puis je le repose et je retourne à ce que j’étais en train de faire. Mais je ne prendrai jamais un de mes livres pour le lire dans mon bain par exemple. C’est pour cela qu’il y a des milliers de fans qui connaissent les livres beaucoup mieux que moi. Le seul avantage que j’ai c’est de savoir ce qui va se passer après et quelques petites histoires en rapport avec les livres.
Melissa : Combien y a-t-il d’histoires de ce type ?
J.K. Rowling : C’est difficile à dire parce que je ne suis pas très organisée là-dessus mais il y en a un certain nombre. La plupart sont des carnets de notes car ces petites histoires sont extrêmement précieuses. Je dois souvent m’y référer et dans ce format je ne risque pas de les perdre car je perds très souvent les choses. C’est plus difficile de perdre un cahier qu’un bout de papier.
Emerson : Quand le septième livre sera sorti, est-ce que vous conserverez le site web ouvert pour répondre à certaines questions ?
J.K. Rowling : Oui, je ne vais pas fermer le site à la minute où le septième tome sortira. Non, bien sûr que non. Je pense que je ne pourrais pas répondre à toutes les questions dans le roman, car ce n’est pas le meilleur moyen d’y décrire, par exemple, la couleur préférée des personnages. Mais les gens, eux, veulent le savoir — Même ce genre de détails, n’est ce pas ? — donc je ne répondrai pas dans le livre à toutes les questions qu’un fan pointilleux se pose. Le site web sera le meilleur moyen de le faire.
Je pense aussi que les gens continueront à se poser des questions et à exposer des théories sur les personnages même après la fin du tome 7 car certaines personnes sont vraiment intéressées par certains personnages en particulier à propos de leur passé, même si ce n’est pas le point principal de l’intrigue, ni le centre de l’histoire. La vie des personnages notamment est source d’inspiration pour les fanfictions comme pour Jane Austen. Je suis une grande fan de Jane Austen et on se demande à la fin du roman, quel est la vie des personnages après la fin de l’histoire. Ils existent encore, ils vivent encore et obligatoirement vous vous demandez ce qui se passe ensuite. Mais je suis sûre que le septième tome sera le dernier même si je pense que je vais être entourée par des yeux de cocker me disant : « Juste un de plus ! ».
Emerson : 7 livres c’est tout de même une longue série.
J.K. Rowling : Oui exactement. Je ne pense pas qu’on me dira que je suis une mauviette !
Melissa : Si vous aviez l’intention de faire autre chose en rapport avec la série Harry Potter, cela concernerait-il Harry lui-même, un autre personnage, ou juste une référence au livre ?
J.K. Rowling : La chose la plus probable, j’en avais déjà parlé il y a quelques temps, ce serait une encyclopédie ou je pourrais m’amuser sur les personnages secondaires et où je pourrais donner la biographie complète de tous les personnages.
Melissa : Ok, grosse, grosse, grosse question sur le tome 6 : est-ce que Rogue est mauvais ?
J.K. Rowling : (Rires) Tu as lu le livre, alors qu’en penses-tu ?
Emerson : Elle essaye de vous faire dire les choses de manière catégorique.
Melissa : En fait il il y a des théories sur une conspiration et il y a des personnes qui souhaitent revendiquer…
J.K. Rowling : C’est s’accrocher à un espoir désespéré. (Rires)
Melissa et Emerson : Oui !
Emerson : Comme certains « shippers » que nous connaissons !
(Tout le monde rit.)
J.K. Rowling : Ok, la relation Harry-Rogue est aussi rude, voire plus, que la relation Harry-Voldemort. Je ne peux pas répondre à la question car c’est un spoiler et, quoi que je dise, il y aura un très grand choc lorsqu’ils se rencontreront de nouveau. Et je suis persuadée que nous allons faire face à 10 000 théories et que je vais me prendre des coups de massue à chaque fois que je les lirai. (Rires) Je suis méchante mais j’aime les théories. Je les adore.
Emerson : Je sais que Dumbledore aime voir ce qui est bon chez les gens mais il semble très imprudent parfois.
J.K. Rowling : (Rires) Oui je suis d’accord.
Emerson : Comment quelqu’un de si…
J.K. Rowling : … intelligent…
Emerson : … peut être si aveuglé pour certaines choses ?
J.K. Rowling : Vous en saurez plus dans le tome 7. Mais je pense avoir démontré, particulièrement dans les tomes 5 et 6 qu’une grande intelligence ne nous protège pas des erreurs émotionnelles, et je pense que Dumbledore représente bien cela. En fait, j’essaye de démontrer qu’une personne très très intelligente peut créer certains problèmes et ça a été le cas pour Dumbledore car sa sagesse l’a isolé. Et je pense que vous pouvez voir dans le livre qu’il n’a ni égal, ni confident, ni partenaire. Il n’a rien de tout cela. Il a toujours été celui qui donnait, celui qui avait la perspicacité et la connaissance. Je pense que le lecteur accepte le fait que McGonagall est la meilleure pour avoir secondé Dumbledore dans son travail mais qu’elle n’est absolument pas son égal. Vous avez une toute petite réponse à la question mais je ne peux pas vous en donner plus.
Emerson : Non c’est une bonne réponse.
Melissa : C’est étrange de savoir Dumbledore si seul.
J.K. Rowling : Je le vois comme une personne isolée et très peu de gens l’ont vu comme quelqu’un de détaché. Ma sœur m’a dit, qu’elle était frustrée quand Hagrid était enfermé chez lui après que Rita Skeeter a publié le fait que celui-ci était un demi-géant. Ma sœur m’a dit : « Pourquoi Dumbledore n’est-il pas intervenu plus tôt, pourquoi Dumbledore n’est-il pas intervenu plus tôt ? ». J’ai répondu qu’il devait laisser Hagrid ruminer quelques temps et voir si il pouvait s’en sortir de lui-même car si il s’en était sorti par lui-même il se serai senti nettement mieux. « Il est trop détaché, il est trop froid, il est comme toi. » m’a-t-elle répondu. (Rires) En fait, elle voulait dire qu’elle l’aurait secoué et que j’aurai peut être dû prendre du recul et faire dire à Dumbledore : « Attendons un peu pour voir si il peut s’en sortir. » Selon elle, je n’aurais pas dû le laisser une semaine mais plutôt une soirée. Elle l’aurait poursuivi dans sa cabane pour l’aider.
Emerson : Voici une des questions qui me brûle la langue, que je me pose depuis le troisième tome : pourquoi Voldemort a-t-il offert autant de chance à Lily de s’en sortir ? Est ce qu’il l’aurait laissé en vie si il l’avait pu ?
J.K. Rowling : Mmmm…
Emerson : Pourquoi ?
J.K. Rowling : (silence) Je ne peux pas te le dire. Mais il lui a offert une chance, tu as raison. Tu ne veux pas me demander pourquoi James est mort sans avoir protégé Lily et Harry ? Il n’y a pas de réponse, tu as toi-même répondu à ta question : parce qu’elle pouvait vivre et qu’elle a choisi de mourir. James aurait été tué de toute façon. Tu vois ce que je veux dire ? Je ne dis pas que James n’était pas prêt ; il est mort en essayant de protéger sa famille mais il aurait été tué de toute façon. Il n’a pas eu et on ne lui a pas donné le choix. Il a foncé instinctivement comme un animal. Je pense qu’il y a certaine distinction à faire en ce qui concerne le courage. James était immensément courageux. Mais je pense que le courage de Lily était, à ce moment-là, plus fort encore que si elle avait sauvé sa vie. Maintenant toutes les mères, les mères normales auraient fait ce que Lily a fait. Dans son cas, le courage était instinctif mais elle s’est donnée le temps de réfléchir. James n’a pas pu. C’est comme quand un intrus rentre chez vous n’est ce pas ? Instinctivement vous vous enfuyez. Mais si vous avez du sang froid vous auriez dit : « Va t’en ! Sort de chez moi ! ». En fait, je ne pense pas qu’une mère se serait contentée de rester sans rien faire à côté de son enfant. Consciemment, elle a donné sa vie. Elle a fait un choix très clair.
Emerson : Et James ne l’a pas fait ?
J.K. Rowling : Est-ce que clairement il est mort en essayant de protéger Harry en faisant ce choix de mourir ? Non. C’est une distinction légère et la vrai réponse est un peu plus développée que ça mais je ne peux vous en dire plus.
Melissa : Est-ce qu’elle connaissait l’effet qu’elle donnerai au sortilège lancé en s’interposant entre Harry et Voldemort ?
J.K. Rowling : Non, j’ai essayé de faire en sorte que ce soit clair dans la série : cela n’est jamais arrivé auparavant. Personne n’a jamais survécu. Et personne ne savait que cela pouvait se produire.
Melissa : Voldemort ou quiconque ayant utilisé l’Avada Kedavra ont-il laissé le choix à quelqu’un de mourir et finalement cette personne décide de faire ce choix ?
J.K. Rowling : C’est probablement arrivé, mais pas dans les mêmes circonstances.
++++
Emerson : Quand le coup monté pour mettre la mort de Pettigrow et des Moldus a été organisé sur le compte de Sirius, a-t-il pris ça comme une plaisanterie ou cela l’a-t-il rendu fou ?
J.K. Rowling : Est-ce qu’il a ri ? Oui, je pourrais dire que oui. En fait, je peux dire que oui puisque c’est moi qui ai créé le personnage. Pour moi, Sirius est très à cran, vous ne trouvez pas ? Il a comme perdu son modèle. J’aime beaucoup sa personnalité comme beaucoup de personnes qui me demandent encore s’il reviendra (rires). Mais Sirius a ses défauts — j’en avais déjà parlé auparavant. Il a des défauts flagrants. Je vois Sirius comme quelqu’un qui ne veut pas grandir. Je pense qu’on peut le voir d’après sa relation avec Harry dans le tome 5. Il voudrait devenir un copain pour Harry, qui lui ressent le besoin maladif d’avoir un père. Harry est trop grand pour avoir la relation que souhaite Sirius et Sirius n’est pas prêt à être un père pour Harry.
Il est complètement sorti de ses gonds lorsque James est mort. Harry et Sirius se ressemblaient vraiment, dans le sens où ils ont tout les deux comblé les mauvais liens familiaux par leurs amis. Sirius a trouvé en James un frère, et Harry a trouvé en Ron et Hermione une famille. C’est quelque chose que je trouve intéressant. Je crois que c’est dans les commentaires de MuggleNet que j’ai trouvé ça, pendant que je cherchais le site du mois (ou alors pendant mon temps libre). C’était lorsque j’ai commencé à lire les commentaires. Il y avait quelque chose où les enfants disaient « Je ne comprend pas pourquoi il crie sur Ron et Hermione. Je veux dire, je crie sur mes parents, mais je ne crierais jamais sur mes meilleurs amis. » Mais il n’a personne sur qui crier. C’est très intéressant que cette remarque vienne d’enfants parce que je ne pense pas qu’ils puissent faire ce lien. Sirius est quelqu’un de très seul. Je me suis vraiment éloignée du sujet.
Il est sorti de ses gonds. Il a trouvé ça ridicule qu’on l’accuse. Il savait ce qu’il avait perdu. Il a ri mais ce n’était pas de l’humour. Pettigrow, grâce à sa forme légère en tant qu’Animagus, a pu fréquenter James et Sirius, mais il était un meilleur sorcier qu’ils le pensaient. D’ailleurs, il savait mieux garder les secrets qu’ils ne le pensaient.
Melissa : Vous avez dit que durant la rédaction du sixième tome, quelque chose vous avait procuré un malin plaisir. Vous souvenez-vous ce que c’était ?
J.K. Rowling : Oh mon dieu. (Long silence car Jo réfléchit.) Qu’est-ce que c’était ? Ce n’était pas quelque chose de vraiment vindicatif. (Rires) C’était plutôt une figure de style. Je sais ce que j’ai aimé écrire — vous savez les commentaires de Luna durant le match de Quidditch ? (Rires) Voilà c’est ça. J’ai vraiment adoré l’écrire. Et même maintenant j’adore faire ça.
Vous savez, c’était durant le dernier match de Quidditch. Je le sais car je l’ai écrit en sachant que c’était le dernier match de Quidditch que j’allais écrire. Pour être honnête avec vous, les matchs de Quidditch ont été le fardeau de ma vie dans les livres Harry Potter. Ils sont nécessaires car les gens attendent de voir Harry jouer au Quidditch, mais il y a une limite aux différentes manières de jouer au Quidditch et de décrire de nouveaux événements. Et je manquais un peu d’inspiration. Je pensais à Luna pour commenter le match et c’était pour faire de cet événement un petit cadeau. C’est le genre de commentaire sportif que je pourrais faire parce que je… (rires). Enfin, voilà.
Melissa : C’était très drôle. Luna est drôle.
JKR : J’aime Luna. Je l’adore.
Emerson : Pourquoi Dumbledore autorise Peeves à rester au château ?
J.K. Rowling : Il ne peut pas le mettre dehors.
Emerson : Mais c’est Dumbledore ! Il peut faire quelque chose !
J.K. Rowling : Non, non, non, non, non. On peut essayer de le renvoyer, voir de l’éradiquer mais il reviendrait. Avec lui, vous êtes bloqué.
Emerson : Mais Peeves répond (lui parle mal) à Dumbledore.
J.K. Rowling : Prétendument.
Melissa : Prétendument ?
J.K. Rowling : Oui. Je vois Peeves comme un problème de plomberie dans une très vieille bâtisse. Dumbledore est meilleur pour réparer le problème que la plupart des gens, donc cela arrangera le problème pendant quelques semaines. Puis il y aura une fuite de nouveau. Voulez-vous vraiment que Peeves s’en aille, honnêtement ?
Melissa : Si j’étais Harry, j’aurais voulu mais les lecteurs le trouvent amusant. Je le trouve encore plus amusant quand il a commencé à obéir à Fred et Georges à la fin du tome 5.
J.K. Rowling : Oui c’était drôle. J’ai trouvé ça amusant aussi. J’en étais très satisfaite. (Rires)
Emerson : J’ai remarqué qu’après la sortie du tome 5, beaucoup de gens me disaient sur MSN, à propos d’Ombrage « Fais-lui vivre l’enfer, Peeves. »
J.K. Rowling : (Rires) Waaa. Ombrage est en quelque sorte un personnage démoniaque.
Melissa : Elle est toujours dehors et en vie ?
J.K. Rowling : Elle est toujours au Ministère.
Melissa : Est-ce que nous allons la revoir ? (Jo hoche la tête.) Vous affirmez son retour avec un air démoniaque.
J.K. Rowling : Oui, c’est tellement drôle de la torturer que je ne terminerai pas sans le faire de nouveau.
Emerson : Question de Asrial, 22 ans. « Si Voldemort rencontrait un Épouvantard, en quoi se transformerait-il ? »
J.K. Rowling : Voldemort a peur de la mort. D’une mort ignoble. Il voit la mort comme quelque chose d’affreux. Il pense que c’est une faiblesse honteuse de l’être humain. Sa plus grande peur c’est la mort, mais comment un Épouvantard peut montrer ça ? Je ne suis pas vraiment sûre. J’y avais pensé parce que j’étais sûre que vous alliez me poser cette question.
Emerson : Un cadavre ?
J.K. Rowling : C’est ce que j’en ai conclu. Il se verrait lui-même mort.
Emerson : Je suis sûr que la question que je viens de poser va me valoir une douzaine d’e-mails de personnes me disant que je n’aurais jamais dû la poser parce que la réponse est évidente — sauf qu’ils ne sont jamais d’accord sur l’évidence de la réponse. Certains disent qu’il aurait vu Dumbledore, d’autres Harry et d’autre encore la mort.
Emerson : Qu’est ce que Voldemort verrait s’il était en face du Miroir du Riséd ?
J.K. Rowling : Lui-même, puissant et éternel. C’est ce qu’il veut.
Emerson : Qu’est ce que verrait Dumbledore ?
J.K. Rowling : Je ne peux pas répondre à cette question.
Emerson : Quelle forme prendrait l’Épouvantard de Dumbledore ?
J.K. Rowling : Je ne peux pas répondre à cette question non plus. Mais si vous voulez avoir quelques théories là-dessus, relisez le tome 6.
Emerson : Si Harry regardait le miroir du Riséd à la fin du tome 6, qu’est-ce qu’il aurait vu ?
J.K. Rowling : Il aurait vu Voldemort mort. Il sait qu’il n’y aura pas la paix tant qu’il sera là.
Emerson : Le dernier mot du tome 7 est toujours « cicatrice » ?
J.K. Rowling : Pour le moment. Je me demande si je ne vais pas remanier ça.
Melissa : Vous allez trafiquer encore la fin ?
J.K. Rowling : Je ne l’ai pas encore physiquement trafiquée. Mais il y a certaines choses qui vont être modifiées car elles en ont besoin. Ce n’est pas très important mais j’ai toujours su qu’il fallait que je réécrive le dernier chapitre.
Melissa : Mais vous gardez toujours la même trame ?
J.K. Rowling : Définitivement, oui.
Melissa : Qu’est ce que vous ressentez en sachant que vous allez commencer le dernier livre ?
J.K. Rowling : Actuellement, ça me fait peur. Ça fait 15 ans. Vous pouvez imaginer ça ? La plus longue relation que j’ai jamais eu de ma vie.
Melissa : L’avez-vous commencé ?
J.K. Rowling : Oui. Mais je ne pense pas que je vais pouvoir faire un vrai travail dessus avant un an. C’est l’année prochaine que je commencerai réellement le tome 7. Mais j’ai commencé à faire de petites choses par-ci par-là. Vous savez que Mackenzie est encore très jeune et vous avez pu vous rendre compte que j’ai un bébé dont je dois m’occuper. Donc, je vais essayer de donner à Mackenzie ce que j’ai donné à David, c’est-à-dire environ un an d’attention ininterrompue et ensuite je commencerai sérieusement à écrire de nouveau.
Emerson : Pourquoi les gens, pour faire référence à Voldemort, disent « Vous-Savez-Qui » et « Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom » ?
J.K. Rowling : Ça arrive souvent dans l’histoire. Vous ne pouvez pas savoir ce que c’est car vous êtes ce genre de personnes qui vivent dans une société sans tabous sur le nom d’une personne. En Afrique, il y a des tribus où l’on n’appelle pas les gens par leur nom. Votre nom est une part sacrée de vous et vous êtes montré comme le fils d’untel et untel, le frère d’untel et untel. On vous donne ces pseudonymes car votre nom est quelque chose qu’on peut utiliser pour exercer un sortilège contre vous. C’est comme une part de votre âme. C’est un tabou très puissant dans beaucoup de cultures et de folklores. Un exemple plus prosaïque : dans les années 50, à Londres, il y avait un couple de gangsters appelés les jumeaux Kray. Quand cette histoire a commencé, personne ne disait le nom de Kray. On ne le mentionnait pas. On ne parlait pas d’eux car en retour cela pouvait se terminer dans la brutalité et dans le sang. Je pense que c’est un bon exemple de puissance quand on convainc les gens de ne pas utiliser notre nom. C’est impressionnant, ça démontre ce que peut inspirer la peur. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut admirer.
Emerson : En fait, je voulais savoir si un événement était à l’origine de la peur de ce nom ?
J.K. Rowling : En ce qui concerne Voldemort ? Ça s’est fait progressivement. Il a tué et fait des choses démoniaques. Dans le chapitre « La requête de Lord Voldemort » (ndlr : « Lord Voldemort’s Request »), quand il revient pour demander un poste de professeur, on a vraiment le sentiment qu’il a fait du chemin dans le domaine de la magie noir. À ce moment-là, beaucoup de gens avaient choisi de ne plus utiliser son nom. Peu après, son nom a commencé à ne jamais être utilisé, sauf par Dumbledore et les gens qui ne sont pas superstitieux.
Melissa : En ce qui concerne les événements dans le monde…
J.K. Rowling : Chapitre 1 ?
Melissa : Oui le chapitre 1, en ce qui concerne les événements dans le monde, spécialement dans les quatre dernières années. À propos du terrorisme et les choses qui y sont apparentées, est-ce que c’est vous qui les avez inventées, ou est-ce que vous vous êtes inspirée de ce qui se passe ?
J.K. Rowling : Non, jamais consciemment dans le sens ou je n’ai jamais pensé faire une référence aux événements du 11 septembre dans la série Harry Potter. Mais ce que veut Voldemort c’est le terrorisme et cela était clair dans ma tête bien avant le 11 septembre. J’avais l’intention, la nuit dernière (ndlr : le soir de la sortie de Harry Potter 6) de lire le premier chapitre au public. Mais il est clair qu’après les événements du 7 juillet (date des attentats de Londres), la lecture de ce chapitre était délicate puisque, dans le livre, le Premier Ministre parle d’une tuerie en masse de Moldus. Ce passage était vraiment inapproprié car les gens sont encore touchés par ces événements. C’était totalement inapproprié, alors j’ai changé et j’ai décidé de parler du magasin de farces, ce qui est très symbolique bien sûr. À un moment, Harry dit à Fred et Georges : « J’ai le sentiment que nous allons tous avoir besoin de rire avant que nous ne puissions plus le faire avant longtemps. » Cette phrase allait parfaitement. Ce n’était pas conscient mais il y a clairement un parallèle. J’ai senti aussi un parallèle lorsque j’ai écrit le passage sur l’arrestation de Stan Rocade. J’ai toujours prévu que ce genre de choses pouvait arriver, mais cela a une très grande résonance. Beaucoup de personnes, dont moi, croient et pensent qu’il y a de nombreuses persécutions sur des gens qui ne devraient pas être persécutés et nous sommes tentés de retrouver les personnes qui ont commis ces atrocités. Ces choses arrivent, c’est dans la nature humaine. Il y avait beaucoup de parallèle à faire au moment où j’écrivais ce tome.
Emerson : Le Choixpeau Magique n’a-t-il jamais eu tort ?
J.K. Rowling : Non.
Emerson : Vraiment ?
J.K. Rowling : Mmmm. Tu as des théories là-dessus ?
Emerson : J’ai entendu beaucoup de théories.
J.K. Rowling : (Rires) J’aurais parié que tu en avais. Non. (Rires) Désolée.
Melissa : C’est intéressant parce que ça suggère que cette voix provient plus de la tête de la personne que du Choixpeau lui-même.
J.K. Rowling : (Elle fait des bruits mystérieux.)
Melissa : Ou peut-être qu’il parle de lui-même mais ça viendrait…
J.K. Rowling : Des quatre fondateurs.
Melissa : Oui. Intéressant. Quelle importance auront les 4 fondateurs dans le septième livre ?
J.K. Rowling : Certains l’auront peut-être deviné avec la fin du sixième livre. Il y a beaucoup de choses que j’aimerais vous demander mais vous êtes supposés m’interviewer moi, donc… (Rires)
Emerson : Je sais qu’on vous pose cette question à chaque interview, mais la longueur du livre a-t-elle changé ?
J.K. Rowling : Le septième ? Plus petit que Phénix tu veux dire. Phénix a toujours été un repère pour vous bien que ce soit un livre qui a largement dépassé les limites. Je pense encore que le septième tome sera plus petit que Phénix.
Emerson : Significativement ?
J.K. Rowling : Je ne sais pas. Vraiment, pour être honnête je n’en sais rien. J’ai un plan pour le tome 7 qui n’est pas encore bien détaillé et donc je ne pourrais pas en estimer réellement la longueur. Je sais ce qui va se passer, je connais l’histoire, mais je ne me suis pas vraiment penchée sur l’intrigue jusqu’au point que vous puissiez penser « on peut s’attendre a 42 chapitres », ou « on peut s’attendre à 31 chapitres. » Actuellement je ne sais pas.
Melissa : R.A.B.
J.K. Rowling : Ohhhh, d’accord.
(Tous rient.)
J.K. Rowling : Non je suis contente ! Oui ?
Melissa : Est-ce qu’on peut savoir qui est-il avec ce que l’on sait actuellement ?
(JKR adopte un regard suspicieux.)
J.K. Rowling : As-tu une théorie ?
Melissa : On a pensé à Regulus Black.
J.K. Rowling : Et vous le pensez toujours ?
Melissa : Euh…
(Rires)
J.K. Rowling : Je pense que ce sera, mmm, une bonne devinette.
Melissa : Et comme il s’agit du frère de Sirius, il aurait l’autre miroir.
J.K. Rowling : (Elle tapote avec ses doigt sur sa canette de soda.)
Melissa : Est-ce qu’il a l’autre miroir, ou le miroir de Sirius ?
J.K. Rowling : Je ne ferai pas de commentaire sur ce miroir. Ce miroir n’est pas d’actualité. (Tous rient. Jo commence a avoir des petites manies…)
Melissa : Je noterai que sur l’enregistrement de l’interview, Jo tapote son doigt sur sa canette de Cola étrangement.
(Tous rient.)
Emerson : Si vous aviez la possibilité de réécrire une partie de la série, quelle serait-elle et pourquoi ?
J.K. Rowling : Il y a des petits morceaux des six livres que j’aurai voulu corriger. Mon sentiment c’est que Phénix est beaucoup trop long, mais je défie quiconque de trouver la bonne partie à couper. Il y a certains endroits où j’aurais pu élaguer le texte, quand je regarde un peu en arrière. Mais cela n’aurait pas changé grand-chose à la taille du livre car, j’ai le sentiment que j’avais besoin de tous ces passages. Vous aurez besoin de tout ce qu’il s’y trouve pour comprendre le septième livre. La raison pour laquelle Phénix est si long c’est que Harry a dû se déplacer énormément. Il y a des endroits où il n’était jamais allé et cela prend du temps de le déplacer dans chacun de ces endroits. C’est le seul livre où Harry passe autant de temps en dehors de Poudlard et c’est ce qui a joué dans la longueur du livre.
Emerson : Avec du recul, est-ce que certaines intrigues secondaires pouvaient, selon vous, être retirées ?
J.K. Rowling : Je trouve cela étrange de pointer certains passages car je pense qu’ils sont tous nécessaires. Comment l’un d’entre nous peut-il juger cela ? Tant que je n’aurai pas terminé le septième livre, je ne pourrai pas réellement revenir en arrière et me dire « Ce passage n’était pas vraiment utile. » Et peut-être qu’à la fin du tome 7, je regarderais en arrière et je dirais en pensant à cela : « Je n’avais pas besoin de faire ce passage si élaboré à cet endroit du texte. » Tant que tout n’est pas écrit, il est difficile de juger de ça. Mais il est clair, qu’en regardant en arrière, il y a beaucoup de passages qui m’irritent. En regardant en arrière, il y a des répétitions qui me rendent folle.
Melissa : Maintenant que Dumbledore est parti, est ce qu’on saura un jour quel sortilège il a essayé de jeter sur Voldemort dans le Ministère.
J.K. Rowling : Hummmm… (Jo fait un petit bruit en claquant sa langue.)
Emerson : L’enregistrement de l’interview montrera qu’elle a fait un drôle de bruit avec sa bouche.
(Tous rient, Jo a encore des petites manies.)
J.K. Rowling : C’est possible, c’est possible qu’un jour vous le découvriez. Vous saurez (petit silence), vous en saurez plus sur Dumbledore. Il faut que je fasse très attention à ce que je dis.
Melissa : Pourrait-on avoir un livre juste sur Dumbledore ? Comme une biographie ?
Emerson : S’il vous plaît ?
J.K. Rowling : Oh, bon d’accord.
(Tous rient.)
Emerson et Melissa : OUI !
J.K. Rowling : Ce n’est pas un contrat irrévocable. (Rires)
Melissa : Non c’est juste un accord oral. Où est Neil (son avocat, pas son mari) ?
(Rires)
Emerson : Combien y’a-t-il de Sorciers en tout ?
J.K. Rowling : Dans le monde ? Oh, Emerson, je suis nulle en maths.
Emerson : Est-ce qu’on peut faire une estimation par rapport au nombre de Moldus ?
Melissa : Ou alors à Poudlard.
J.K. Rowling : Poudlard. Ok. On va estimer par rapport à Poudlard. Avant que je ne termine « la pierre philosophale » (ndlr : Elle parle du premier tome, Harry Potter à l’École des Sorciers.), alors que je rassemblais les idées pour les sept livres et avant que je n’ai eu l’idée de publier les livres, je me suis penchée dessus et j’ai créé 40 enfants qui entraient à Poudlard en même temps que Harry. J’ai adoré faire ça parce que ça m’a été très utile. Il existe 40 personnages. Je n’ai jamais eu à en inventer d’autres. Je sais qui ils sont, en quelle année ils sont, dans quelle maison ils sont, quels sont leurs ascendants familiaux et quelques détails personnels sur eux. Ils sont donc 40. Consciemment je n’ai jamais pensé : « C’est ça, il y a tous ces gens à Poudlard dans la même année. » mais c’est comme ça que ça a marché. Ensuite, on m’a demandé plusieurs fois combien il y avait de gens. Mais comme les mathématiques ne sont pas mes points forts, une partie de mon cerveau me dit 40 et une autre partie me dit « Oh, 600 environ ça sonne bien ». Puis les gens commencent à me demander « Où dorment les autres enfants ? » (Rires) Il y a donc des petits problèmes sur ce point. En général, la magie est très rare. Je ne voudrais pas m’avancer sur une estimation. Mais si on estime que tous les enfants sorciers sont envoyés à Poudlard, la population de Sorciers représenterait une toute petite part de la population par rapport aux Moldus, n’est ce pas ? Il doit y avoir des parents qui refusent que leurs enfants aux pouvoirs étranges aillent à Poudlard, mais 600 enfants sur toute la Grande-Bretagne, c’est très peu.
Imaginons qu’il y ait 3000 Sorciers en Grande-Bretagne actuellement. Ensuite, il faut penser à toutes les créatures magiques dont certaines apparaissent comme étant humaines. Ensuite, vous avez les ogres, les trolls… Avec tout ça, le nombre de personnages magiques augmente considérablement. Et puis, vous avez ces pauvres gens cracmols comme Rusard et Mme Figg qui font d’une certaine manière partie du monde magique même si on les considère comme des parasites. Le chiffre grossit encore plus, ce qui fait que la communauté magique est finalement assez nombreuse et qu’il faut évidement cacher tous ces gens.
Melissa : Vous êtes-vous amusée avec les romances dans ce livre ?
J.K. Rowling : Oh, énormément. Ça ne se voit pas ?
Melissa : Si.
J.K. Rowling : Il y a une théorie qui s’applique aux romans policiers — Harry Potter n’est pas vraiment un roman policier mais il s’y apparente quelques fois — comme quoi on ne peut pas avoir d’intrigue romantique dans un roman policier. Dorothy L. Sayers, qui est la reine de ce genre de roman disait — elle a ensuite cassé sa propre règle, mais elle l’a dit — qu’il n’y a pas de place pour une romance dans un roman policier sauf si on l’utilise pour donner un alibi. C’est vrai ; c’est un truc très utile. Je l’ai utilisé pour Percy, et dans un certain degré je l’ai utilisé aussi pour Tonks dans ce livre. Mais en gros je ne suis pas d’accord, j’ai attendu que mes personnages suivent le rythme des années et il est tellement important de voir ses personnages tomber amoureux puisque c’est aussi une part de leur vie. Comment avez-vous trouvé les romances ?
(Melissa montre son pouce pour dire que c’est génial et sourit largement.)
Emerson : Nous avons été très excités par ces moments tout le long du livre.
J.K. Rowling : (Rires) Oui ! Bien. Je suis contente.
Melissa : Nous faisions des allers-retours dans chacune de nos chambres en hurlant l’un sur l’autre.
Emerson : Nous pensons, que, plus clairement que jamais, se forment les couples Harry/Ginny et Ron/Hermione. Nous pensons aussi que vous avez formé les couples évidents péniblement dans les 5 premiers livres.
J.K. Rowling : (Elle se pointe du doigt en murmurant.) Je le pense aussi !
Emerson : Comment ?
J.K. Rowling : (Parlant plus fort) Je le pense aussi ! Je le pense aussi !
(Tous rient, Melissa encore plus et de manière hystérique.)
Emerson : Les supporters du couples Harry/Hermione… C’est illusoire !
J.K. Rowling : Je ne dirais… Emerson, je ne dirais pas qu’ils se font des illusions ! Ils sont encore des membres valables de mon lectorat ! Je n’utiliserais pas le mot illusion. Cependant je ne dirais pas… Maintenant je vous fais confiance à tous les deux pour ne pas dévoiler de spoiler quand vous écrirez tout ça.
(Rires)
J.K. Rowling : Je dirais que tout ça paraîtra plus clair dès que tout le monde aura lu le livre. Je veux dire que tout est fait, n’est-ce pas ? Nous savons. Oui nous savons maintenant que c’est Ron et Hermione. J’ai l’impression d’avoir lâcher un lourd poids.
(Tous rient très fort.)
J.K. Rowling : J’ai fait des allusions de la taille de grosses enclumes dans les livres précédents. Je suis certaine que même si je n’ai laissé que des indices subtils dans les 3 premiers livres, mais avec le coup de Krum dans la Coupe de Feu…
Je me suis beaucoup amusée avec Ron dans ce livre. J’ai beaucoup aimé écrire le couple Ron/Lavande et la raison pour laquelle c’était si amusant c’est que Ron est encore immature comparé aux deux autres et d’une certaine manière il manque chez lui quelque chose qu’il doit construire pour qu’il puisse mériter Hermione. Il ne s’agit pas forcément d’une expérience physique mais il doit grandir sur le plan émotionnel et maintenant je pense qu’il a fait un grand pas en avant. Parce qu’il n’avait pas eu un minimum d’expérience physique. Il n’était pas profondément engagé dans sa relation avec Lavande.
(Beaucoup de rires où Melissa émet un « Won-Won ».) (ndlr : Pour les non-lecteurs de HP6, « Won-Won » est le petit nom que donne affectueusement Lavande à Ron quand ils sont ensemble. On pourrait comparer ça à « Ronouchet ».)
J.K. Rowling : Il réalise que ce n’est pas ce qu’il veut qui le fait avancer d’un grand pas sur le plan émotionnel.
Emerson : Maintenant il a un peu plus que le quotient émotionnel d’une cuillère à café. Maintenant ce serait plutôt une cuillère à soupe ?
J.K. Rowling : Oui, je pense. (Rires)
Melissa : Avez-vous été surprise lors de votre première connexion sur Internet et que vous y avez trouvé une grande dévotion à toutes ces choses dont vous savez qu’elles n’arriveront jamais ?
J.K. Rowling : Oui. Vous savez, je suis encore toute nouvelle en ce qui concerne le monde des « shippers » (ceux qui supportent certains couples plus que d’autres type Harry/Hermione, Ron/Hermione… ou certaines théories), car pendant très longtemps je ne suis pas allée sur Internet pour Harry Potter. Pendant très longtemps. Occasionnellement, je devais le faire parce qu’il y avait des histoires étranges qui circulaient et certaines choses que je devais vérifier car j’étais supposée avoir dit des choses que je n’aurais jamais dit. Je n’étais jamais allée voir les sites de fans et puis, un jour, je l’ai fait et oh mon dieu. J’ai dû y rester plus de 5 heures ou quelque chose comme ça. Après m’être déconnectée, je tremblais légèrement. (Tous rient). « Qu’est ce qui se passe ? ». Et c’est durant cette longue connexion que j’ai rencontré les shippers et c’était la chose la plus extraordinaire. Je ne pensais pas qu’il y avait tout cet univers alternatif là-dessus.
Emerson : Elle essaye de nous faire voir le bon côté des choses !
J.K. Rowling : Oui, j’essaie, j’essaie, mais tu sais, je voudrais qu’on soit bien clair que le mot « illusoire » n’est pas de moi ! [Éclats de rire]
Melissa : Vous nous ôtez un poids en lançant la discussion sur ce sujet.
J.K. Rowling : Eh bien je pense que ceux qui théoriseront encore sur Harry/Hermione après ce livre….
Emerson : [Murmures] Illusoire !
J.K. Rowling : Non, mais je pense qu’ils auraient besoin de relire un peu…
Emerson : Merci.
J.K. Rowling : Oui.
Melissa : Cela va…
J.K. Rowling : Est-ce que cela va vous apporter quelque chose dans la vie ?
[Tous les trois] Ah ça oui !J.K. Rowling : Je pense bien.
Melissa : Il faut que je vous dise, j’ai vraiment hâte que le livre sorte parce que, vous savez, ça va nécessairement projeter la haine sur un autre personnage, Ron a déjà assez souffert des théories Harry/Hermione.
J.K. Rowling : Cela me rend mal à l’aise en fait. Oui, vraiment mal à l’aise.
Emerson : Honnêtement, je pense que les partisans du couple Harry/Hermione représentent un très faible pourcentage de la population de toute façon.
Melissa : Oui, si on fait un sondage général…
Emerson : Ils ont l’air plus nombreux mais c’est parce que les fans en ligne sont souvent plus…
Melissa : Militant est le meilleur mot que j’ai pu trouver.
J.K. Rowling : Militant est un mot très bien choisi. Énergiques, fougueux…
[rires]
Melissa : Qu’est-ce que ça vous fait de voir un personnage que vous aimé, détesté par les fans ?
Emerson : Ou l’inverse.
J.K. Rowling : Cela m’amuse. Honnêtement, ça m’amuse. Des fans m’ont écrit des poèmes sur Drago (dans des lettres), et je pense que c’est la seule fois où ça a cessé de m’amuser et où ça a presque commencé à m’inquiéter. J’essaye de bien faire la distinction entre Tom Felton, qui est un jeune garçon attirant, et Drago qui, quelle que soit son apparence, n’est pas quelqu’un de bien. C’est une romantique, commune mais ô combien malsaine illusion — tiens, revoilà ton mot — qu’ont les filles, et tu dois savoir ça (Melissa hoche la tête.) de penser qu’elles peuvent changer les gens. Et cette illusion perdure pendant toute leur vie de femme, et jusque dans leur lit de mort. C’est gênant et malsain, et ça m’a un peu inquiétée de voir des jeunes filles se dévouer totalement à un personnage aussi imparfait, parce qu’il doit y avoir là du « Je suis celle qui a pu le faire changer. ». Je veux dire, je comprends bien le côté psychologique d’un tel comportement, mais c’est vraiment malsain. C’est pourquoi une ou deux fois j’ai répondu, assez sèchement, [Rires] « Vous devriez reconsidérer l’ordre de vos priorités. »
Emerson : Illusoire !
[Rires]
J.K. Rowling : Encore ton mot !
[Rires]
J.K. Rowling : Au fait, comment s’appelle cette section de ton site où tu affiches les absurdités que tu reçois ?
Emerson : Le Mur de la Honte ?
J.K. Rowling : Le Mur de la Honte. On pourrait avoir un Mur de la Honte où j’afficherais toutes les choses ridicules que j’ai reçues.
Melissa : Quel genre de choses ?
J.K. Rowling : Des choses similaires. Très similaires. De l’insulte de base à la lettre complètement chaotique, on pourrait dire de nature existentielle. Pas de la part des enfants, mais des adultes. Ce qui m’a fait le plus rire je pense, c’est ton commentaire (à Emerson) qui disait ceci : « S’il vous plaît, n’essayez pas de m’envoyer un e-mail stupide pour finir sur le Mur de la Honte ». Mais n’est-ce pas la nature humaine ? Cela commence par « Et si on les affichait ? » et ça finit par une véritable compétition pour figurer.
Emerson : Illusoire ! C’est mon mot du jour.
[rires]
J.K. Rowling : Excusez-moi. J’ai avalé de travers. Vas-y, continue.
Melissa : Je voudrais en revenir à Drago.
J.K. Rowling : Oui, parlons de Drago.
Melissa : Il était fascinant dans ce livre.
J.K. Rowling : Eh bien, je suis heureuse que tu penses ça, parce que j’ai particulièrement aimé celui-là. Drago a beaucoup grandit dans ce tome aussi. J’ai eu une conversation intéressante, je pense, avec mon éditrice Emma, au sujet de Drago. Elle m’a dit « Donc, Drago pratique l’Occlumancie. », ce que Harry n’a jamais pu maîtriser, et il a plutôt laissé tomber la chose. Alors, elle se demandait s’il serait si fort que ça, mais je pense qu’il doit-être-particulièrement-doué-pour-ça, contrairement à Harry. Le problème de Harry est qu’il se laisse submerger par ses émotions et que, dans un sens, il est trop affecté. Il est trop influencé par ses sentiments par rapport à ce qui lui est arrivé. Il ne les refoule pas, il est plutôt honnête avec lui-même, il ne pouvait pas les supprimer, il ne pouvait pas supprimer ses souvenirs. Mais je vois Drago comme quelqu’un tout à fait apte à compartimenter ses émotions et ses sentiments, et c’est ce qu’il a toujours fait. Donc, il a complètement occulté toute pitié, ce qui le rend capable de persécuter les autres. Il n’a aucune compassion — sinon comment aurait-il pu devenir Mangemort ? Il supprime virtuellement tout le bon qu’il peut y avoir en lui. Mais il joue dans la cour des grands, comme il le dit, et tout à coup, après avoir dit ça, il est obligé d’agir et c’est absolument terrifiant. Et je pense que c’est une peinture assez réaliste de ce qui arrive à certaines personnes qui tombent dans ce genre de vie et qui réalisent qu’ils ne sont pas faits pour ça. J’ai eu de la peine pour Drago. Bon, j’ai toujours su ce qui allait lui arriver, bien sûr, aussi méchant qu’il soit. Harry a raison de penser que Drago n’aurait jamais tué Dumbledore, c’est clair dès qu’il commence à abaisser sa baguette, mais le problème n’est plus entre ses mains.
Emerson : Dumbledore avait-il prévu de mourir ?
J.K. Rowling : [Marque une pause.] Pensez-vous que ça va devenir une importante théorie ?
Melissa et Emerson : Oui, ce sera une théorie importante.
J.K. Rowling : [Marque une nouvelle pause] Eh bien, je ne veux pas la ruiner. (Rires) Il faut laisser aux gens de l’espoir.
Melissa : Cela nous ramène à la question quant à savoir si Rogue est un double-double-triple-quadruple…
J.K. Rowling : [Rires] … double-triple-quadruple agent, ouais !
Melissa : … si cela avait été prévu, si Dumbledore avait tout su des agissements de Drago toute l’année, ont-ils eu une discussion disant « S’il le fallait, vous devriez agir comme s’il était parfaitement dans vos intentions de me tuer, sinon Drago mourra, le serment inviolable, et vous aussi vous mourrez », etc…
J.K. Rowling : Non, je vois où vous voulez en venir, oui mais… Je ne veux pas mettre ceci par terre. En général, je déments les théories qui sont ridicules et qui n’apportent rien. Même avec les « shippers ». Dieu les bénisse, mais ils se sont tellement amusés avec ça ! C’est quand les gens sont vraiment à côté de la plaque — quand les gens passent des heures à essayer de vous prouver que Rogue est un vampire que je décide d’intervenir, parce qu’il n’y a vraiment rien qui permette de soutenir ceci.
Emerson : Lorsque vous regardez cela.
J.K. Rowling : Ouais, après avoir relu une quinzième fois et que vous commencez à voir partout des indices comme quoi Rogue serait le Seigneur des Ténèbres. Il y a des choses qu’il faut que j’éclaircisse parce que je pense que cela ne sert à rien de s’attarder dessus alors qu’il y a des choses beaucoup plus intéressantes dont il faut débattre. Et même si cela est faux, cela vous mènera probablement à quelque part d’intéressant. Ma théorie est un peu rude, je le conçois.
Emerson : Quelle serait la seule question que vous voudriez que l’on vous pose et quelle serait la réponse à cette question ?
J.K. Rowling : Umm… [Long silence] C’est une bonne question. Qu’est-ce que j’aimerais qu’on me demande ? [Silence] Aujourd’hui, juste aujourd’hui le 16 juillet, j’aurai vraiment aimé qu’on me pose une question à propos de R.A.B., et vous l’avez fait. Juste aujourd’hui parce que je pense — j’espère que les gens se poseront cette question.
Melissa : Est-ce qu’il y a quelque chose d’autre qu’on peut vous demander en ce qui le concerne ?
J.K. Rowling : Il y a certaines choses que vous pouvez déduire en relisant plusieurs fois, je pense. Vous deux, vous déduirez cela j’en suis sûre. Oui j’aimerais que les gens se pose des questions sur R.A.B.
Melissa : Excusez-moi mais je ne me souviens pas très bien, mais est-ce que Regulus est celui qui a été tué par Voldemort ?
J.K. Rowling : Sirius avait dit que non puisqu’il n’était pas important, vous vous souvenez ?
Melissa : Mais ce ne peut pas être vrai, si R.A.B. a écrit une note personnelle à Voldemort.
J.K. Rowling : Ça ne démontre pas forcément que Voldemort l’a tué, personnellement, mais Sirius lui-même a suspecté Regulus un petit peu trop. Comme Drago. Il a été attiré par cela, mais en réalité il a été trop difficile à manipuler.
Oh qu’avez-vous pensé du couple Lupin/Tonks ?
Emerson : Ça a été…
Melissa : J’ai été surprise !
Emerson : J’ai été surpris mais pas choqué.
J.K. Rowling : Vraiment ?
Melissa : Je crois que J’ai été un peu choquée.
J.K. Rowling : Il y a quelqu’un, sur l’un de vos deux sites je pense, qui m’a fait carrément tomber de ma chaise. Quelqu’un, quand je vais à la pêche aux théories vous savez — je veux dire, on dirait que je passe ma vie sur Internet et que c’est pour ça que je n’avance pas dans l’écriture. Je vous jure que ce n’est pas vrai, je voudrais que ça soit bien clair. Parce que maintenant que j’ai mon propre site, je vais consulter les FAQs et certains sites que j’aime bien, c’est comme ça que je trouve tous ces commentaires ou autres. Et quelqu’un, je n’arrive pas à y croire, quelqu’un l’a deviné. Cela disait « Oh non, Tonks ne peux pas se marier avec untel (Dieu seul sait qui.) parce qu’elle va finir avec Lupin et qu’ils vont avoir de jolis petits loups-garous multicolores ensembles. » ou quelque chose dans ce goût-là.
Melissa : J’ai vu ça !
J.K. Rowling : c’est vrai ? C’était sur TLC alors.
Melissa : (à Emerson) Ne le prends pas mal, mais je n’ai pas vraiment le temps d’aller lire les commentaires sur MuggleNet…
J.K. Rowling : Je suppose, il y a tellement de monde qui poste que vous devez vous attendre à ce qu’ils proposent toues les possibilités…
Emerson : Oh oui, ils nous ont tout proposé.
Melissa : Harry/Le Basilic
[Tous les trois morts de rire.]
J.K. Rowling : Ce n’est pas vrai ? Je sais, j’imagine que si je passais plus de temps sur Internet, je finirais par y trouver toute ma future intrigue.
Emerson : Combien de temps passez-vous sur les sites de fans ?
J.K. Rowling : Cela dépend. Quand mon site est calme, c’est vraiment parce que je travaille dur, que je suis avec mes enfants ou autres. Quand je fais plusieurs mises à jour en peu de temps, c’est que j’ai évidemment passé du temps sur Internet. Ainsi, les FAQs ne sont qu’un compte-rendu de ce que j’ai pu voir sur les sites de fans. Je vais voir ce à quoi les gens veulent que je réponde. C’est fantastique, mais parfois frustrant, je veux qu’il soit clair que je ne poste jamais de commentaires, parce que je sais que cela a été dit. Vous avez tous les deux eu des réactions très intelligentes à ce sujet, mais ça m’inquiète un peu. Je suis déjà allé sur le chat de MuggleNet, les gens étaient hystériques. C’était la première fois que je cherchais « Harry Potter » sur Google. Je suis allée là et sur TLC — en fait, j’avais déjà entendu parler de TLC, mais je suis d’abord tombée sur MuggleNet — et dans l’après-midi, je suis allée sur le chat, c’était très amusant. On m’a considérée de façon dédaigneuse. [Rires] C’était très drôle, tu ne peux pas savoir…
Emerson : Je tiens à m’excuser pour, euh…
J.K. Rowling : Non, non, pas méchamment, mais des choses du genre « C’est bien, tais-toi, tu n’est pas une habituée, tu n’y connais rien… », je te laisse imaginer !
++++
Melissa : L’un des gagnants de notre concours « Demandez à Jo » s’appelle theotherhermit, elle a 50 ans et vit dans une petite ville de l’Est des États-Unis. Je pense que ceci a été abordé dans le sixième tome, mais « Est-ce que les souvenirs dans une Pensine représentent la réalité ou seulement la vision qu’en a une personne ? »
J.K. Rowling : C’est la réalité. C’est important qu’on comprenne bien cela, parce que Slughorn a donné à Dumbledore ce souvenir brouillé et pathétique. Il ne voulait pas montrer la vérité, et il a évidemment tout trafiqué et bricolé. Donc, ce dont vous vous souvenez est véridique dans une Pensine.
Emerson : Je me suis bien planté à ce sujet.
J.K. Rowling : Vraiment ?
Emerson : J’étais sûr qu’il s’agissait de l’interprétation qu’on en fait. Pour moi, le fait de pouvoir examiner ses pensées d’un point de vue extérieur n’avait aucun sens. C’est presque comme si on pouvait tricher et être capable de considérer les choses d’un point de vue externe.
Melissa : Cela veut dire qu’il y a des choses que vous n’avez pas aperçues vous-même, mais que vous pouvez aller vérifier après coup ?
J.K. Rowling : Oui, c’est en cela que consiste la magie de la Pensine, c’est ce qui la rend vivante.
Emerson : J’en veux une !
J.K. Rowling : Oui. Sinon ce ne serait rien de plus qu’un journal intime. On se restreindrait à ce dont on se souvient. Mais la Pensine recrée un moment pour vous, pour que vous puissiez replonger dans vos souvenirs et remarquer des choses qui vous avaient échappées à ce moment-là. C’est quelque part dans votre tête, et je suis sûre que c’est dans tous nos esprits. Je suis sûre que si on pouvait y accéder, on trouverait des choses dont on ne se souvient pas.
Emerson : Notre autre question lauréate du concours « Demandez à Jo » (à propos du sacrifice de James et Lily) était de Maria Vlasiou, 25 ans, Pays-Bas. Et enfin la troisième qui est d’Hélène poole, 18 ans, de Thirsk dans le Yorkshire — elle fait aussi partie des auteurs de « The Plot Thickens ». C’est celle à propos de Grindelwald, à laquelle je suis sûr que vous vous attendiez.
J.K. Rowling : Uh huh.
Emerson : Tout à fait.
J.K. Rowling : Allons-y, rappelle-la moi. Est-il mort ?
Emerson : Oui, est-il mort ?
J.K. Rowling : Oui, il l’est.
Emerson : Est-il important ?
J.K. Rowling : [Avec un air de regret] Ohhh…
Emerson : Vous n’êtes pas obligée de répondre, mais pouvez-vous nous en apprendre plus sur lui ?
J.K. Rowling : Je vais vous en dire autant que ce que j’ai dit plus tôt à quelqu’un qui m’a posé la question. Vous savez, Owen qui avait gagné le droit de m’interviewer grâce à une chaîne de télé. Il m’a interrogée sur Grindelwald [prononcé « Grindelvald »]. Il m’a dit « Est-ce une coïncidence s’il est mort en 1945 ? » et j’ai répondu non. Cela m’amuse de faire des allusions aux événements de l’Histoire Moldue, donc je dirais que quand il y a un gros conflit chez les Moldus, il y en a un chez les Sorciers qui va de paire.
Emerson : Y a-t-il un lien avec…
J.K. Rowling : Je n’ai rien d’autre à dire à ce sujet.
[Rires]
Melissa : Est-ce qu’elles se correspondent, les guerres moldues et sorcières ?
J.K. Rowling : Oui. Je pense que Oui. Mmm.
Melissa : Vous êtes devenue bien calme.
[Tous rient ; Jo de façon hystérique.]
Melissa : On aime bien quand vous devenez toute calme, cela signifie que…
Emerson : Vous cachez clairement quelque chose.
Melissa : Notre gagnant suivant s’appelle Delaney Monoghan, il a 6 ans et c’est sa mère, Vanessa Monaghan, qui nous a écrit. Ils habitent à Canberra en Australie. « Quelle est la signification, s’il y en a une, des papiers de chewing-gum que Mme Londubat ne cesse de donner à Neville ? »
Emerson : Vite, dis-nous ce que tu en penses avant qu’elle ne réponde.
Melissa : Je pense que c’est la triste manifestation d’un esprit malade.
J.K. Rowling : On m’a aussi posé cette question ce matin. Cette idée est l’une des rares qui m’ont été inspirées de faits réels. On m’a parlé de ce qui, pour moi, est une bien triste histoire, qui touche des gens que je connais et leur mère qui est atteinte de la maladie d’Alzheimer, et la mère en question était dans une salle spéciale. Elle était sérieusement affectée et ne reconnaissait même plus son fils, qui continuait à venir fidèlement deux fois par semaine pour lui rendre visite, et il avait l’habitude de lui apporter des bonbons. C’était ce qui les liait ; elle aimait beaucoup les bonbons, et l’identifiait comme celui qui lui en donnait. Cela m’a beaucoup marquée. Alors j’ai brodé l’histoire de Neville qui donne à sa mère ce dont elle a besoin, et (ça me rend triste d’y penser) elle veut lui donner quelque chose en retour, mais ce qu’elle lui rend est profondément inutile. Il considère quand même que ça a de la valeur parce qu’elle essaye de donner, alors ça signifie quelque chose, d’un point de vue émotionnel.
Mais les théories sur les papiers de chewing-gum sont bien loin de tout ça.
Emerson : On ne peut pas les en blâmer.
J.K. Rowling : Je veux dire qu’elle n’essaye pas de lui passer des messages secrets.
Melissa : Elle n’a plus toute sa tête…
J.K. Rowling : Non, tu as raison. Mais c’est un exemple classique de « faisons tomber ceci à l’eau », parce que ça ne mène pas vraiment à quelque chose d’intéressant.
Melissa : C’est probablement l’un des moments les plus émouvants du livre.
J.K. Rowling : C’est un moment très important pour le personnage.
Melissa : Notre troisième question vient de Monique Padelis, 15 ans, Surrey : « Comment et quand le voile fut-il fabriqué ? »
J.K. Rowling : Le voile est au Ministère depuis très longtemps, et le Ministère est là depuis très longtemps, pas aussi longtemps que Poudlard cependant. On compte en siècles. Ce n’est pas très important de savoir quand exactement, mais depuis des siècles, c’est certain.
Melissa : L’a-t-on déjà utilisé pour exécuter des coupables ou juste pour l’étudier ?
J.K. Rowling : Non, c’est juste pour l’étudier. On ne fait qu’étudier au Département des Mystères. On étudie l’esprit, l’univers, la mort…
Melissa : Va-t-on retourner dans cette pièce, cette pièce verrouillée ?
J.K. Rowling : Aucun commentaire.
Emerson : Dumbledore reste inégalé dans sa connaissance de la Magie…
J.K. Rowling : Mmhm…
Emerson : Où a-t-il appris tout ça ?
J.K. Rowling : Je le vois comme un autodidacte. Cependant, il a eu de merveilleux professeurs en son temps à Poudlard, donc il a reçu la même éducation que n’importe qui d’autre. La famille de Dumbledore serait un sujet intéressant à étudier, bien plus intéressant que des papiers de chewing-gum.
Melissa : Sa famille ?
J.K. Rowling : Oui.
Melissa : Pourrions-nous en parlez de façon plus approfondie ?
J.K. Rowling : Non. Mais Vous, vous pouvez ! [Rires]
Melissa : Et en ce qui concerne la famille de Harry — ses grands parents — ont-ils été tués ?
J.K. Rowling : Non. Ceci nous amène à quelque chose de beaucoup plus terre à terre. En tant qu’écrivain, il m’était plus intéressant en matière d’intrigue de faire de Harry quelqu’un de complètement isolé. Alors, je me suis débarrassée de façon plutôt sommaire de toute sa famille, hormis la Tante Pétunia. Enfin, James et Lily sont très importants pour l’histoire, bien sûr, mais les grands parents ? Non. Et aussi, j’aime leur histoire : Les parents de Pétunia et Lily, une mort de simples moldus. Les parents de James étaient plus vieux, déjà assez âgés quand ils l’ont eu, ce qui explique son côté fils unique dorloté, du genre « on l’a eu tard, donc c’est un cadeau des dieux », comme cela arrive souvent je pense. Ils étaient vieux même pour des Sorciers, et ils sont morts. Ils ont succombé à une maladie sorcière. C’est tout ce qu’il y a à en dire. Il n’y a rien de grave ou de sinistre au sujet de leur mort. J’avais juste besoin de les garder à distance alors je les ai tués.
Melissa : Cela ruine la théorie sur l’Héritier de Gryffondor en quelques sortes…
J.K. Rowling : [Marque une pause.] Oui, oui.
Melissa : Encore une qui va mordre la poussière.
[Rires]
J.K. Rowling : Eh bien, on y est. Tu vois, je me rend bien compte que le Prince de Sang-Mêlé ne va satisfaire personne, parce qu’il réduit à néant pas mal de théories. Je veux dire, si ça ne s’était pas fait, j’aurais mal fait mon travail. Quelques personnes ne vont particulièrement pas apprécier, et beaucoup de gens ne vont pas aimer la mort non plus, mais c’est ce que j’avais toujours prévu.
Nous ne savons toujours pas s’il y a eu des fuites à ce sujet, ou si quelqu’un a simplement deviné juste.
Emerson : Avec ce livre ?
Melissa : Vous vous souvenez des paris ?
Emerson : Oh, oui…
J.K. Rowling : Oui, l’arnaque sur les paris. Et bien, on en est à 50/50. Si vous vous souvenez, pour le Phénix, les paris se sont portés sur la mort de Cho Chang et c’était tout à fait la même chose. Quand tout à coup, quelqu’un a misé quelque chose comme 10.000£, et on n’aurait pas imaginé que quiconque puisse gaspiller son argent pour cela, c’est pourquoi on a pensé qu’ils pensaient avoir des informations de l’intérieur. Pour ce qui est de Dumbledore, nous ne savons toujours pas. Était-ce une fuite ou quelqu’un a-t-il simplement vu juste ?
Emerson : En fait, je me souviens avoir mis en ligne un sondage sur MuggleNet, pour demander aux gens qui, selon eux, allait mourir.
J.K. Rowling : Et quel a été le résultat ? C’est très intéressant.
Emerson : La majorité a pensé qu’il allait mourir dans le tome 6 — en fait 6 ou 7. Une grande partie penchait pour le tome 7.
J.K. Rowling : Vraiment ? D’accord.
Emerson : Cela devait représenter 65/35, mais en tout cas une chose est sûre, la majorité pensait qu’il allait mourir.
J.K. Rowling : Oui, et bien, je pense que si vous prenez du recul, c’est le genre d’écriture qui me correspond, le héros doit presque toujours se débrouiller seul. C’est comme ça, on le sait tous, alors la question devient quand ? et comment ?, si vous connaissez un peu la construction de ce genre d’intrigue.
Emerson : Le vieux et sage sorcier avec sa barbe meurt toujours à la fin.
J.K. Rowling : Oui, grosso modo c’est un peu ça, oui.
[Rires]
Melissa : C’est intéressant parce qu’à ce moment-là, je pense qu’on a tous senti qu’il allait mourir parce qu’il a commencé à faire part de nombreuses choses qu’il savait.
J.K. Rowling : Mmm…
Melissa : Et le moment où Harry dit : « Je réalise cela, mes parents ont réalisé cela, et ça concerne ce choix », on s’est arrêté et on s’est dit « D’accord, laissons tout le monde s’en rendre compte et en parler parce que a) Dumbledore va mourir, et b) c’est le signe qu’on arrive à la fin ». J’ai vraiment senti que c’était un passage clef de la série. Êtes-vous d’accord ?
J.K. Rowling : Oui, tout à fait, parce que je pense qu’il y a un lien avec le moment dans La Chambre des Secrets, quand Dumbledore dit cette phrase désormais célèbre : « Ce sont nos choix qui font de nous ce que nous sommes, et non nos aptitudes » et le moment où Dumbledore est assis à son bureau et dit à Harry « La prophétie n’a de valeur que parce que Voldemort et toi lui en donnez. Si vous choisissiez tous les deux de continuer votre route, vous pourriez tous les deux vivre ! » Cela se trouve en bas de page. S’ils s’étaient dit tous les deux « On ne joue pas le jeu » et avaient abandonné… mais cela n’arrivera pas, parce que pour Voldemort, Harry est une menace. Ils doivent s’affronter.
Emerson : Je me souviens m’être demandé en lisant l’Ordre du Phénix « Que se serait-il passé si Harry et Voldemort avaient simplement décidé de… »
J.K. Rowling : Se serrer la main et partir chacun de leur côté ? On aurait eu raison d’être mécontents !
[Rires]
Emerson : Que ce serait-il passé s’il n’avait jamais entendu la prophétie ?
J.K. Rowling : Et c’est ça, n’est-ce pas ? Comme je l’ai dit, c’est ce que j’ai posté sur mon site…
Emerson : Je suis content que vous ayez choisi ceci.
J.K. Rowling : C’est une idée qu’on retrouve dans McBeth. J’adore vraiment McBeth. C’est sans doute la pièce de Shakespeare que je préfère. Et c’est la question centrale, n’est-ce pas ? Si McBeth n’avait pas rencontré les sorcières, aurait-il tué Duncan ? Est-ce que rien de tout cela se serait passé ? Était-ce un coup du sort, ou a-t-il provoqué ce qui lui arrive ? Je pense que c’est lui qui l’a provoqué.
Melissa : Si tout le monde pouvait se serrer la main et faire une partie de golf, la vie serait belle.
[Rires]
Melissa : Les thèmes de la loyauté et de la bravoure sont très liés au sens du sacrifice et récurrents dans le livre — spécialement dans le tome 3 « Tu aurais dû mourir plutôt que de trahir tes amis ». C’est une tonalité qu’on retrouve tout au long de l’œuvre. C’est un message très fort pour des enfants, disons de 8 ou 10 ans, qui lisent le livre, de leur dire qu’on devrait mourir pour ses amis.
J.K. Rowling : J’ai bien sûr imaginé ceci dans un contexte très précis. Dieu me pardonne, mais j’espère qu’en général un enfant de 8 ans n’a pas à se poser la question de mourir pour qui que ce soit, mais là on parle d’un sorcier accompli dans ce que j’appelle une situation de guerre. C’était tout à fait une situation de guerre. Je pense que la question est de savoir si vous, en tant que lecteurs, pensez que Sirius aurait préféré la mort. Parce que c’est ce que dit Sirius.
Emerson : Oh, absolument.
Melissa : Oui.
J.K. Rowling : Très bien, c’est ce que je crois. Sirius l’aurait fait. Lui, malgré ses erreurs et ses défauts, a ce profond sens de l’honneur ancré en lui, et il aurait préféré mourir avec honneur, dans le sens où il l’entend, que de vivre dans le déshonneur et la honte de savoir qu’il a conduit ces trois personnes à la mort, ces trois personnes qu’il aimait par-dessus tout, parce que tout comme Harry c’est un être déraciné et sans famille.
Tu as raison, c’est un message fort, mais au fond je parle du mal, et j’ai déjà dit je pense, que je suis surprise quand les gens me disent « Oh, les livres deviennent tellement sombres ». Je me dis « Eh bien, quelle partie de l’École des Sorciers avez-vous trouvez légère et sympathique ? » Vous savez, on parle d’innocence parce que Harry est très jeune quand il rentre à l’école, mais le livre s’ouvre quand même sur un double meurtre. L’éventualité de la mort, je pense, est présente tout au long de l’École des Sorciers, et je crois qu’il y a une ou deux images épouvantables dans ce tome. Je pense que le premier tome contient plus d’images effrayantes que le second, en dépit du serpent géant, parce que la silhouette en cape qui boit du sang de licorne est quand même très glauque. Quand j’y pense, encore à l’heure actuelle, toutes ces années après, je pense que l’idée du visage à l’arrière du crâne de Quirrell est l’une des images les plus choquantes de tout le livre. (Tout le livre ; j’appelle ainsi l’ensemble des tomes. Donc je veux dire dans toute la série.)
_ Donc oui, c’est très fort, je suis d’accord avec toi, mais je dirais que c’est très fort tout au long du livre. Il y a beaucoup de choses dérangeantes, intentionnellement d’ailleurs, mais je pense n’avoir jamais dépassé les bornes du choquant pour le plaisir. Je pense pouvoir justifier chaque image morbide du livre. Celle dont je me demandais si elle allait être approuvée par les éditeurs est celle de la condition physique de Voldemort avant qu’il n’entre dans le chaudron, vous vous souvenez ? Il ressemblait à une sorte de fœtus. J’ai ressenti un dégoût presque viscéral pour ce que j’avais écrit, mais il y a une raison pour cela, vous allez voir. J’en ai donc parlé avec mon éditrice et elle a été d’accord avec cela. En fait, elle a plus été choquée par l’ouverture de la tombe. Je pense que ça doit être l’idée de la profanation, une fois encore. Il n’y a rien de spécial à voir ici, mais une fois de plus c’est la violation d’un tabou.
Melissa : De quelle couleur sont les yeux de Ron ?
J.K. Rowling : Les yeux de Ron sont bleus. Je ne l’ai jamais précisé ? Vraiment ? [Elle se cache les yeux.]
Melissa : Les gens mourraient d’envie qu’on vous pose cette question.
J.K. Rowling : Bleus. Ceux de Harry sont verts, ceux de Ron bleus et ceux de Hermione bruns.
Melissa : Quelle forme le Patronus de Ron prend-il ?
J.K. Rowling : Le Patronus de Ron ? Je ne l’ai jamais dit non plus ? Oh non, c’est honteux ! [Rires] Le Patronus de Ron est un petit chien qui ressemble à un Jack-Russell, et c’est un choix sentimental parce que nous avons un Jack-Russell. Il est complètement dingue.
Melissa : Celle-ci est plutôt longue, mais je voulais vraiment vous la poser — malgré toute cette célébrité et la richesse que vous accumulez, comment pouvez-vous élever vos enfants normalement, avec les pieds sur terre et de vraies valeurs ?
J.K. Rowling : C’est ma priorité dans la vie. Je pense et j’espère que nous menons une vie plutôt normale, croyez-le ou non. Des choses irréelles arrivent quand je sors de chez moi pour aller dans un château illuminé, etc… mais ça a vraiment peu d’effet sur eux. Je pense que nous menons une vie normale dans la mesure du possible. Nous allons dans les magasins comme tout le monde, et nous allons nous balader en ville comme tout le monde. C’est mon impression en tout cas. Je pense aussi que mes trois enfants grandiront en nous voyant, Neil et moi, au travail. Nous n’avons aucunement l’intention d’arrêter de travailler, nous allonger les doigts de pieds en éventail et faire le tour du monde en yacht ou quoi que ce soit d’autre, même si parfois cela nous ferait bien plaisir. Nous continuons à travailler, ce qui est plutôt un bon exemple à donner aux enfants, que peu importe l’argent que vous avez, la vraie valeur réside dans le fait de trouver ce que vous savez le mieux faire. C’est faire vous-même le travail, n’est-ce pas ?
Melissa : Oui. Avez-vous trouvé les deux élèves de Gryffondor manquants ?
J.K. Rowling : [Se couvre les yeux.] Ohh ! [Frustrée] Je voulais vous trouver ça, je suis désolée, je ne les ai pas. Je les mettrais sur mon site.
Melissa : Est-ce Ginny qui a envoyé une carte à Harry pour la Saint-Valentin ?
J.K. Rowling : Oui, la chère petite.
Melissa : Était-ce un coup de Tom Jedusor, ou cela venait-il de Ginny Weasley ?
J.K. Rowling : Non, c’était Ginny Weasley.
Melissa : Eh bien, ses efforts ont porté leurs fruits.
J.K. Rowling : (Rires) Effectivement.
Melissa : Je pense que vous aviez déjà prévu ça depuis la scène dans le train (tome 1) où il la regardait — toute leur relation s’installe probablement dans cette scène.
J.K. Rowling : Je le pense. Je l’espère. Donc vous êtes contents pour Harry et Ginny ?
Emerson : On attendait ça depuis des années !
J.K. Rowling : Oh, ça me fait tellement plaisir.
Melissa : Oh mon Dieu, ce baiser !
J.K. Rowling : Oui.
Emerson : Les choses se concrétisent enfin.
J.K. Rowling : C’est enfin arrivé, je sais ! Je me suis sentie un peu comme ça moi aussi.
Melissa : Avez-vous essayé de les mettre…
J.K. Rowling : Eh bien, j’ai toujours su que ça allait arriver, qu’ils allaient finir par être ensemble.
Emerson : Avez-vous toujours…. ? [ Sur la cassette où l’interview a été enregistré on arrive pas à entendre ce que Emerson dit.]
J.K. Rowling : Non pas vraiment, parce que d’après mes plans, que j’aimerais vraiment poursuivre, le lecteur, comme Harry, découvre Ginny comme la fille idéale pour Harry. C’est quelqu’un d’assez dur mais pas dans un sens vraiment mauvais et elle est très courageuse. Il a besoin d’être avec quelqu’un qui peut rester à ses côtés, parce que c’est un petit copain assez effrayant sur beaucoup de plans. C’est un garçon marqué. Je pense qu’elle est drôle, douce et qu’elle fait preuve de compassion. C’est tout ce que Harry recherche dans la femme idéale. Quand j’ai prévu tout ça il y a quelques années, Ginny, au début était terrifiée par son image. Il était un peu comme un dieu du rock quand elle l’a rencontré au début alors qu’elle n’avait que 10 ou 11 ans. Et comme avec Ron, je ne voulais pas que Ginny soit la première fille que Harry ait embrassée.
Ce que je souhaitais démontrer, c’est que Harry a énormément mûri. Dans Phénix, vous vous souvenez que Cho est entrée dans le compartiment et il a pensé : « J’aurais aimé être vu par elle en compagnie de gens meilleurs ». Il se trouve alors avec Luna et Neville. La même chose arrive dans le septième tome. Il est encore avec Luna et Neville mais cette fois-ci, il a mûri, et il pense être en compagnie de 2 personnes considérées comme les plus cool dans le train. Ils ne sont pas si cool que ça. En fait c’est Harry qui a grandi. Et je pense que Ginny et Harry dans ce livre se ressemblent vraiment. Ils se méritent vraiment l’un à l’autre. Ils traversent tous les deux des instants émouvants, et ils se sont fait tous les deux pas mal d’illusions, pour utiliser vos propres mots. Je me suis vraiment amusée à écrire ça. J’aime beaucoup le personnage de Ginny.
Melissa : Est-ce qu’elle a une plus grande importance ? Par rapport aux affaires de Tom Jedusor ou le fait qu’elle soit la septième fille…
J.K. Rowling : C’est la première fille dans la génération Weasley, mais il y a une longue tradition en ce qui concerne la septième fille de la septième fille et le septième fils du septième fils, c’est pour ça qu’elle est la septième, c’est une sorcière très douée… Je pense que vous faites allusion à cela car elle a fait des choses impressionnantes ici et là et vous verrez ce qu’il en est plus tard.
Emerson : Pourquoi la maison Serpentard est elle…
J.K. Rowling : Toujours autorisée !
(Tous rient.)
Emerson : Oui, je veux dire il y a comme un stigmate.
J.K. Rowling : Mais il ne sont pas tous mauvais. Littéralement ils ne sont pas tous mauvais. (Silence) Bon, je vais vous donner une réponse plus approfondie, la réponse non désinvolte. Vous mettez tout le monde dans un même sac, vous les prenez par leurs défauts mais tout le monde a des défauts. C’est la même chose si vous prenez l’ensemble de tout les étudiants. S’il y avait une parfaite unité, vous auriez une force absolue et puissante. Une certaine unité. Mais ça signifierait que les nobles qualités des 4 différentes maisons n’existent plus et l’espoir, l’espoir caractéristique de Dumbledore, c’est qu’il y ait l’union de ces quatre maisons dans une certaine harmonie. Harmonie est le mot juste.
Emerson : Est-ce qu’ils ne peuvent pas…
J.K. Rowling : Est-ce qu’il ne peuvent pas tous les tuer ? NON, Emerson, ils ne peuvent vraiment pas !
(Tous rient.)
Emerson : Ne serait-il pas possible de les placer dans les trois autres maisons ? Peut-être n’est-ce pas réellement la maison qui leur correspondrait, mais presque, pour qu’ils ne soient pas affiliés à un environnement si négatif ?
J.K. Rowling : Ils pourraient. Mais rappelle-toi que j’y ai bien réfléchi…
Emerson : De plus, leur salle commune est sombre et lugubre…
J.K. Rowling : Je ne sais pas, parce que je pense que la salle commune des Serpentard est plutôt d’une beauté qu’on appelle sinistre…
Emerson : C’est une mauvaise idée de rassembler tous les enfants de Mangemorts ensemble, dans un même endroit.
(Tous rient.)
J.K. Rowling : Mais ils ne sont pas tous mauvais… Ne pense pas que je ne prends pas en compte ton point de vue mais… vous êtes les lecteurs, et moi, l’écrivain et c’est moi qui vous guide. Vous voyez la maison Serpentard toujours du point de vue des enfants de Mangemorts. Mais ils ne forment qu’une toute petite part de l’ensemble des Serpentard. Je ne suis pas en train de dire que les autres Serpentard sont adorables, mais ils ne sont certainement pas tous comme Drago et ils ne sont certainement pas comme Crabbe et Goyle. Ils ne sont pas tous comme ça. Ça serait trop brutal.
Emerson : Mais il n’y a pas beaucoup d’enfants de Mangemorts dans les autres maisons n’est-ce pas ?
J.K. Rowling : Il y a certaines personnes qui ont un lien avec les Mangemorts dans les autres maisons, absolument.
Emerson : Juste un petit peu moins nombreux.
J.K. Rowling : Probablement. Je vous ai entendus. C’est une tradition d’avoir les quatre maisons et j’ai voulu les faire correspondre approximativement aux 4 éléments. Gryffondor est le feu, Serdaigle est l’air, Poufsouffle est la terre et Serpentard est l’eau et c’est pour cela entre autre que leur salle commune se trouve sous le lac. Ici encore il y a cette idée d’harmonie et de balance. Il y a nécessairement 4 composantes et pour tous les intégrer, il faut une énorme place. Mais ils restent cependant fragmentés comme nous le savons.
Emerson : James est-il le seul à avoir eu des sentiments amoureux pour Lily ?
J.K. Rowling : Non (silence). Elle était comme Ginny, elle était très populaire.
Melissa : Rogue ?
J.K. Rowling : C’est une théorie qui m’est constamment exposée.
Emerson : Et pour Lupin ?
J.K. Rowling : Je ne peux répondre à aucune des deux questions.
Emerson : Et les deux ensemble ? Séparément ?
J.K. Rowling : Je ne peux quand même pas répondre, si ?
Emerson : Pouvez-vous nous laisser un indice, mais sans nous lancer sur une mauvaise piste ? (Emerson a fait un lapsus, il voulait dire « sans en révéler de trop ») ?
J.K. Rowling : Je n’ai, à ma connaissance, jamais menti quand on m’a posé une question sur les livres. À ma connaissance. Vous pouvez imaginer qu’après qu’on m’a posé des centaines de questions, il est parfaitement possible que sur quelques points je me sois trompée et que j’ai mis les gens sur une mauvaise voie, mais c’était par inadvertance, ou alors, j’ai répondu en disant la vérité mais ensuite j’ai changé d’idée en modifiant mes intentions sur les livres. C’est pour ça que je suis assez discrète quand je réponds aux questions avec trop de détails car il faut que je me laisse une marge pour faire les choses comme je le désire. Mais tout ça ne concerne pas l’intrigue majeure.
Lupin aimait beaucoup Lily mais juste comme ça. Je ne veux pas que l’on commence à penser tout de suite qu’il était en compétition avec James. Elle était très populaire et c’est ça qui est important. Mais je pense que vous vous en êtes déjà rendus compte. C’était vraiment un canon.
Melissa : Comment se sont-il mis ensemble ? Elle détestait James d’après ce qu’on a vu.
J.K. Rowling : Est-ce qu’elle le détestait vraiment ? Tu es une fille, tu vois de quoi je veux parler. (Rires)
Emerson : Comment Fred et Georges ont-ils su que l’Irlande allait gagner et que la Bulgarie allait attraper le Vif d’or ?
J.K. Rowling : Je pense que si vous vous intéressiez vraiment au Quidditch, vous pourriez prévoir ce genre de choses. C’est ce qu’ils ont fait.
Emerson : Mais comment peut-on prévoir ce genre de choses, parce qu’on ne sait jamais quand le Vif d’or apparaît.
J.K. Rowling : C’est un risque. Ils ont tout risqué là-dessus. C’est bien le genre de Fred et Georges n’est-ce pas ? Ce sont les preneurs de risques de la famille. Vous avez Percy d’un côté qui reste dans les normes et fait tout correctement. Et puis vous avez Fred et Georges qui prennent la vie complètement différemment et qui sont prêts à risquer tout et n’importe quoi. Ils ont risqué tout ce qu’ils possédaient.
Melissa : Comment ont-ils appris à se servir de la carte du Maraudeur ?
J.K. Rowling : N’as-tu… bien. Voici comment je me l’étais expliqué à l’époque, ça paraît un peu simple. Ne penses-tu pas que ça correspondrait tout à fait à Fred et George de dire ça pour rire, et de voir l’objet se transformer ?
Melissa : Oui…
J.K. Rowling : Tu ne te les imagines pas ?
Emerson : Mais les paroles exactes ? Est-ce un coup de chance, du Felix Felicis…
J.K. Rowling : Ou peut-être que la carte les a aidés.
Melissa : Oui, on les imagine en train de jouer et de se répondre l’un et l’autre…
J.K. Rowling : Et la carte qui s’agite au fur et à mesure qu’ils s’approchent de trouver la phrase exacte, qu’ils finissent par trouver et la carte se révèle.
Emerson : Mais que pouvait bien faire Abelforth Dumbledore avec ces chèvres…
[Éclats de rire]
J.K. Rowling : Tu peux le deviner aussi bien que moi ! [Rires démoniaques]
Melissa : Génial. Et Dumbledore fait de petites blagues à son propos dans ce tome, sur le fait de connaître des gens dans les bars.
J.K. Rowling : Oui, absolument. Oui, c’est vrai. Et vous voyez aussi Abelforth très brièvement.
Melissa : Est-ce que l’étincelle de triomphe refera son apparition ?
J.K. Rowling : C’est tout à fait significatif. Et disons-le franchement, je ne vous ai pas dit à quel point c’était important, comme ça vous pouvez laisser libre cours à votre imagination.
Emerson : Je pense que tout le monde a réalisé que c’était très important quand on l’a lu, mais on n’en a pas su plus dans les tomes 5 et 6.
J.K. Rowling : Et bien c’est très important.
Emerson : On attendait la grande révélation en quelques sortes.
J.K. Rowling : Tout à fait. C’est pour le tome 7. Le tome 7.
Melissa : Ici à la fin, on a la sensation de savoir ce que Harry va faire, mais cela peut-il vraiment être la trame principale de la fin de l’histoire ?
J.K. Rowling : Ce n’est pas tout. Évidemment que ce n’est pas tout, mais c’est la seule façon de tuer Voldemort. Cela ne veut pas dire que ce ne sera pas un parcours difficile et éprouvant, mais c’est ce qu’il doit faire. Harry sait à présent — enfin, il pense savoir — à quoi il a affaire. L’avis de Dumbledore n’est jamais trop éloigné de la réalité. Je ne veux pas trop en dire pour ça, mais Dumbledore a dit « Il y en a quatre, débarrasse-toi des quatre et ensuite attaque-toi à Voldemort ». C’est donc là qu’il en est, c’est ce qu’il doit faire.
Emerson : C’est un ordre conséquent.
J.K. Rowling : Très conséquent. Mais Dumbledore lui a donné quelques pistes très importantes et Harry, aussi, tout au long de ces six années à l’école a amassé plus de connaissances qu’il ne le croit. C’est tout ce que je peux dire à ce sujet.
Emerson : Cela a l’air impossible. Si Harry était allé à la grotte, il n’aurait jamais pu y arriver tout seul.
J.K. Rowling : Eh bien, je suis prête à parier avec vous maintenant qu’avant la fin de la semaine, au moins un des Horcruxes aura été correctement identifié par un lecteur attentif.
Melissa : Quelqu’un m’a demandé hier soir si Ginny, avec le journal…
J.K. Rowling : Harry a mis un terme pour de bon à cette partie de l’esprit de Voldemort, vous l’avez vu prendre forme, vous l’avez vu détruit, il est parti. Ginny n’est en aucune façon possédée par Voldemort.
Melissa : Parle-t-elle toujours le Fourchelang ?
J.K. Rowling : Non.
Melissa : A-t-elle une dette de vie envers Harry depuis le tome 2 ?
J.K. Rowling : Non, pas vraiment. Queudver est différent. Vous savez, une part de moi voudrait vraiment tout vous expliquer, l’intrigue du tome 7, vous savez, honnêtement je voudrais pouvoir.
Emerson : Nous ne voudrions pas l’entendre.
J.K. Rowling : Oui, continuez, on ne vous écoute pas !
[Rires]
Emerson : Qui est la marraine de Harry ?
J.K. Rowling : Il n’en a pas.
Emerson : Vraiment ?
J.K. Rowling : Eh bien, Sirius n’a jamais eu le temps d’avoir une petite amie, encore moins de se marier.
Emerson : Ils auraient pu choisir quelqu’un d’autre proche de la famille.
J.K. Rowling : Au moment où ils ont fait baptiser Harry, ils se cachaient. Cela ne devait pas être un baptême avec beaucoup d’invités, parce qu’il était déjà en danger. C’est donc une chose qu’ils devaient faire de façon très discrète, avec le moins de monde possible, et ils voulaient faire cet engagement avec Sirius. Et… voilà. N’en disons pas plus.
[On commence à réaliser l’heure qu’il est…]
Melissa : On pourra recommencer ?
[Rires]
J.K. Rowling : C’est possible.
Melissa : Sérieusement, pendant une semaine.
[Rires]
J.K. Rowling : Vous n’avez qu’à m’enfermer dans une pièce au sous-sol…
Melissa : Eh bien, ma famille est sicilienne, Jo…
[Rires]
Melissa : Bien, nous avons d’autres questions à vous poser.
[Melissa met des lunettes vertes et elle sort une plume verte que 2 membres de TLC ont préparé pour faire une blague à Jo.]
(Tous explosent de rire.)
J.K. Rowling : RITA ! Tu m’as tellement manqué !
J.K. Rowling : Je vous l’ai dit, il n’y a qu’un seul moyen d’accepter les articles de Rita, c’est le rire sinon vous commencez à devenir fou. Et bien sûr, j’ai moi aussi ma poubelle (sur mon site). C’est drôle comme cela peut être libérateur de pouvoir dire directement au gens qui lisent les livres : « Ce sont des histoires ». Ce ne sont jamais des choses très importantes mais prises toutes ensemble, ça peut tromper quelqu’un. Bon, Rita, j’aime beaucoup ça. Vraiment beaucoup.
Melissa : C’est drôle n’est-ce pas ? Ils ont fait ça pour moi.
J.K. Rowling : C’est fantastique. Vous connaissez, Miranda Richardson qui joue Rita dans la Coupe de Feu. J’ai vraiment hâte de voir ça.
Melissa : Nous l’avons vue, nous sommes allés sur le tournage un jour où elle travaillait.
J.K. Rowling : C’est vrai ?
Emerson : Elle est fantastique dans ce rôle.
J.K. Rowling : C’est une grande actrice.
Emerson : Oh, j’ai une question à propos de ça. Quand vous écrivez les livres maintenant, est-ce que vous voyez les acteurs du film où vos propres personnages ?
J.K. Rowling : Mes propres personnages. Toujours.
Emerson : Le visage des acteurs n’interfère pas dans vos pensées du tout ?
J.K. Rowling : Pas du tout : je vois encore mon Ron, je vois encore mon Harry et je vois encore mon Hermione. J’écrivais sur eux bien avant la sortie des films et on ne peut pas remplacer l’image que je me fais d’eux dans ma tête. Dans un sens, je suis chanceuse. Je vis avec eux depuis tellement longtemps que les acteurs n’interfèrent pas dans mon esprit. Occasionnellement, j’y pense. Prenons par exemple le couple Ron/Lavande. Je pense alors à Rupert. Je veux dire que j’avais déjà prévu que ça se passerait comme ça mais quelque fois, alors que je fais une pause café, j’imagine le regard amusé de Rupert.
Melissa : Faire ça ?
J.K. Rowling : Non pas en train de faire comme Ron. Il est plus que parfait pour faire ça mais je pense à lui attendant le casting pour Lavande et d’autres petites choses comme ça. Cela me fait sourire de penser aux acteurs. Mais je l’ai déjà dit, il est très difficile de trouver 3 meilleures personnes aussi parfaites pour les rôles que Rupert, Dan et Emma. Ils sont incroyables.
(Silence. Ils regardent leurs montres.)
J.K. Rowling : Je sais .
Melissa : 66 pages de questions, Jo.
J.K. Rowling : Oh mon dieu.
Emerson : Continuons à lui poser des questions jusqu’à ce qu’elle nous mette à la porte.
(Tous rient.)
Emerson : Le titre de Hagrid, comme gardien des clés de Poudlard, signifie-t-il quelque chose ?
J.K. Rowling : Simplement que c’est lui qui vous laisse entrer et sortir de Poudlard. C’est un peu plus que ça en fait mais ce n’est pas très intéressant. Ce n’est pas une chose à laquelle les gens devraient s’intéresser.
Melissa : Harry et Ron liront-ils un jour L’Histoire de Poudlard ?
J.K. Rowling : Jamais. (Rires) C’est un don pour moi car toute mon histoire peut se baser sur « Quand allez vous le lire ? ». Hermione joue bien le rôle de la liseuse, donc je ne le leur ferai jamais lire.
Melissa : Est-ce que Dobby est au courant pour la prophétie ?
J.K. Rowling : Non.
Melissa : Est-ce qu’il sait à propos des Potter ?
J.K. Rowling : Il connaît leur histoire mais en gros sa connaissance se réduit à ce que savent les Malefoy.
Melissa : Oh une question que j’aimerais vraiment vous poser. Rogue a-t-il déjà été aimé par quelqu’un ?
J.K. Rowling : Oui il l’a été, ce qui, d’une certaine manière, le rend plus coupable que Voldemort qui ne l’a jamais été. O.K, encore une.
Emerson : Pourquoi les sorciers et les sorcières ne transplanent pas quand ils sont en danger ?
J.K. Rowling : C’est ennuyeux de stopper et dire aux lecteurs quand vous écrivez une scène d’action qu’il y a un moyen que tout s’arrête quand ça arrive. Quelques fois, ils leur arrive de transplaner, mais le plus souvent, quand vous regardez ce genre de scène, vous vous trouvez dans un endroit où vous ne pouvez pas transplaner, comme Poudlard. Harry n’a pas cette option à l’école. Il y a d’autres raisons de ne pas vouloir transplaner. Quand vous voulez rester et vous battre. Mais parfois ils peuvent transplaner. Ce sont deux situations possibles et totalement opposées.
J.K. Rowling : (À Melissa) Allez, achève-moi avec une autre question.
Melissa : Est-ce que quelqu’un d’autre était présent à Godric’s Hollow, la nuit où les parents de Harry sont morts ?
J.K. Rowling : Pas de commentaires.
(Tous rient.)
J.K. Rowling : Désolée.